Financement des partis politiques : Jacques Chirac, maire de Paris de 1977 à 1995 (1ère PARTIE)

Écrit par Bernard Brault le 21/12/2010

Financement des partis politiques : Jacques Chirac, maire de Paris de 1977 à 1995 (1ère PARTIE) Voici la première partie d’un article traitant du financement des partis politiques, et en particulier de l’affaire Jacques Chirac qui fait couler beaucoup d’encre ces temps-ci en France.  Nous traitons du contexte politique et du lien entre leadership et management. La seconde partie qui sera publiée demain le 22 décembre 2010 traitera plus précisément de l’analyse de Saine Gestion et des conclusions.

Le contexte

De nos jours, le pouvoir, la richesse et les privilèges ont potentiellement mauvaise presse. Dès qu’on lui confie des ressources, le gestionnaire est de plus en plus redevable de chacun des gestes qu’il pose. Les crises boursières, les faillites, les naufrages de sociétés apparemment insubmersibles et le chômage cyclique qui touche une partie grandissante de la population ont généré, avec les décennies, une certaine méfiance, malheureusement trop souvent méritée, envers les gestionnaires et les décideurs publics.

Le concept de Saine Gestion est né d’un besoin de plus en plus criant dans la société, c’est-à-dire l’encadrement de la profession de gestionnaire et la protection de ceux qui délèguent à d’autres le pouvoir de les représenter au meilleur de leurs intérêts et en qui ils doivent faire confiance. Saine Gestion est apolitique. Ni de gauche ni de droite.

Néanmoins, les valeurs fondamentales de Saine Gestion, représentées dans la matrice par la combinaison des principes de Saine Gestion et des fonctions de gestion, permettent de questionner de façon systématique les actes posés par la gouvernance des États modernes.

L’institut de Saine Gestion s’est donné pour mandat de faire connaître le concept matriciel et intégré de Saine Gestion au grand public. L’affaire Jacques Chirac nous est parvenue par le biais d’un internaute français qui, trouvant écho dans nos propos, nous a demandé notre opinion sur les allégations de détournement et d’utilisation de fonds public à des fins de financement politique.

Sur le plan politique, nous sortons à peine d’une époque où les grands de ce monde n’avaient peu ou pas de compte à rendre; une sorte d’immunité tacite découlant des plus hautes fonctions, héritage des temps anciens où le pouvoir était de droit divin. Le leadership n’avait pas à se justifier ni à dévoiler les moyens qu’il prenait pour arriver à ses fins ou à sa vision politique. Le management était une activité accessoire, banal travail de coordination exécuté par des clercs travaillant pour les grands.

Les grands n’ont pas appris à se protéger alors que le vent tournait et que s’installait au cours du XXe siècle une véritable obligation de reddition de comptes des décideurs publics.

Pour mémoire, la question de notre internaute était :

Jacques Chirac a été Maire de Paris de 1977 à 1995. Ce dernier doit maintenant répondre, pour 21 emplois présumés fictifs dans le dossier des chargés de mission de la ville de Paris, des chefs d’abus de confiance pour des faits datant d’octobre 1992 à mars 1994 et des détournements de fonds publics présumés pour la période mars 1994-mai 1995.

Question de morale ? Question d’éthique ?

Pourtant, dans les journaux français, une chose est certaine, on semble banaliser le tout et faire de cette histoire d’emplois fictifs une affaire d’argent et de remboursement à la ville de Paris. Qui dit vrai? Et comment un cadre de Saine Gestion aurait-il protégé les citoyens contre pareille supercherie?

Fragile démocratie

Permettez-nous de respecter la fonction de l’homme qui fut votre président, et qui a dirigé un des grands états démocratiques de cette planète. Nous trouverions inconvenant de porter un jugement unilatéral sur des faits relevant du financement des partis politiques sans y apporter une réflexion dans le contexte des sociétés libérales et démocratiques. Ce dont il est question ici ne relève pas selon les informations recueillis, de conflits d’intérêts pécuniaires ou personnels.

Prenez garde cependant avant de conclure ! Notre analyse pourrait tout de même déranger. Chez vous comme chez nous, il y a des éminences grises qui maintiennent le système en place et qui ne veulent probablement pas que le management s’oblige à des valeurs de Saine Gestion dans les affaires publiques ! Il ne faudrait pas se tromper de cible !

Ainsi, Henry Mintzberg, éminent professeur à l’université McGill, nous rappelle le risque d’avoir séparé le leadership de la discipline du management. Faire les bonnes choses et faire les choses bien doivent-ils vraiment être séparés ? Ce serait peut-être la source des scandales financiers aux États-Unis. Les leaders ne savent pas ce qui se passe vraiment de côté management.

How did this happen? It became fashionable some years ago to separate leaders” from managers”—you know, distinguishing those who do the right things” from those who do things right.” It sounds good. But think about how this separation works in practice. U.S. businesses now have too many leaders who are detached from the messy process of managing. So they don’t know what’s going on.(1)

Un cadre décisionnel où s’exerce la Saine Gestion

Dans le même sens, pour l’ISG, le management gère des choix stratégiques et politiques décidés par les leaders. Ce sont ces derniers qui ont la responsabilité décisionnelle. Ils doivent faire le lien entre « les bonnes choses » et s’assurer qu’elles sont faites selon les règles de l’art de la gestion. En matière de Saine Gestion, les règles de l’art de la gestion consistent à combiner les valeurs de Saine Gestion avec les fonctions de gestion. Nous appelons ça de la gouvernance responsable. Les PSGGR (2) de l’OAAQ(3) précisent :

4.3. (3)            L’administrateur qui a le pouvoir d’obtenir et d’affecter des ressources doit mettre en place un cadre de gestion tel que définit au paragraphe 1.2 (15). (NDA : par exemple le CDSG de L’ISG )

L’analyse factuelle

Avertissement au lecteur

L’objectif de la présente démarche est démonstratif. Il vise à présenter l’approche matricielle pour démontrer l’acuité du diagnostic et présenter l’utilité d’un référentiel de principes et normes, les PSGGR, pour appuyer une opinion professionnelle de conformité.

Les limites

La présente démonstration ne consiste pas en un Audit de Saine Gestion et ne comporte aucune opinion professionnelle au sens du chapitre 1, section 3, du compendium des PSGGR.

Les faits probants qui seront invoqués et développés ci-après sont basés sur des informations portées à notre connaissance et qui n’ont pu être vérifiées.

Toute interprétation, autre que pour des fins de démonstration, pourrait ne pas convenir à l’usage attendu.

Méthodologie

Procédons à l’analyse factuelle, en posant l’hypothèse que l’existence d’un cadre de Saine Gestion, sous le modèle de Saine Gestion, aurait imposé des règles intégrées autant au leader qu’au gestionnaire de l’institution, ici la mairie de Paris.

Sommairement, la démarche de l’analyse factuelle aurait consisté à :

a) Extraire le ou les fait(s)

b) Identifier l’acte administratif

c) Identifier l’origine de l’acte

d) Identifier la conséquence de l’acte

Ensuite, nous aurions procédé à l’analyse suivante : Sur la foi des faits rapportés, et sous réserve qu’ils soient exacts, nous aurions pu écrire ce qui suit.

FIN DE LA PARTIE 1

A suivre mercredi le 22 décembre en fin de journée :L’analyse factuelle, et nos conclusions.

Cher lecteur, ayez en main votre matrice pour mieux suivre la démonstration de l’analyse factuelle.

(1) Henry Mintzberg, The best leadership is Good Management, Business week, 6 aout 2009


(2) PSGGR, Principes de Saine Gestion généralement reconnus

(3)  OAAQ, Ordre des administrateurs agréés du Québec


6 commentaires

par Olivier Crouslé le 12/22/2010

« Management et Politique » ou « Management en politique » ?
Je vais tenter de résumer pourquoi je comprends que la Saine Gestion serait structurellement apolitique à partir de la phrase de Mintzberg :
- définir ce que sont les « bonnes choses » relèvent du Politique, c’est à dire du Leadership (de Société comme de société) et de la définition de l’esprit des lois et des valeurs humanistes ou religieuses sous-jacentes; la Politique serait de nature stratégique et définirait la « Mission Vision Valeurs » en terme managérial classique;
- déterminer comment faire ces choses « bien » relèveraient de la gestion et de l’administration (des Gouvernements comme des compagnies); la Saine Gestion, par son principe de respect des Lois, vise à conserver l’alignement des choix exprimées précédemment avec les actions mises en oeuvre concrètement dans la lettre et le respect des Lois, pour un résultat conforme au mieux, durable et au coût minimal … lorsque c’est possible. Et, lorsque c’est impossible, de suggérer aux Politiques d’améliorer leurs lois ou de réviser leur MVV à la lumière de la réalité humaine imparfaite.

Là où Mintzberg est intéressant, c’est de rappeler qu’une bonne politique mal implémentée peut être pire qu’une politique médiocre mais bien mise en oeuvre. Et surtout qu’une « belle politique » impossible et utopiste à implémenter (style « objectif +10% de rendement ou t’es viré », quelle que soit les conditions externes !) donc sans connexion à une réalité humaine bien plus concrète, est la pire des choses.

Le paysage politique peut alors se scinder de l’extrême-droite dictatoriale à l’extrème-gauche utopiste. L’extrême-droite et l’extrême-gauche en politique, l’extrême-libéralisme et l’extrême-nationalisation en gestion économique se rejoignent tous sur un point : des visions sans plan réalisable selon des moyens conformes à leurs propres principes, ou délibérément non conformes aux principes d’équité, d’équilibre ou d’abnégation. En gros, la déconnexion du plancher des vaches et de l’humanité telle qu’elle est avec ses belles capacités du meilleur comme de son humainerie médiocre, son inertie et son aversion spontanée au changement, ou pire encore son exploitation populiste cynique à des fins égoïstes.
Au milieu : la démocratie plus libérale ou plus socialiste selon que le choix initial du contrôle social de l’efficacité et le soin de la réalisation des objectifs (santé , éducation, ordre social, sécurité, solidarité, assurances-secours, infrastructure, etc…). De droite à gauche, il est plus ou moins confié à l’individu (l’électeur, consommateur, parent, propriétaire privée, philantrope, fournisseur, contribuable, avec une tolérance religieuse molle) ou au fonctionnaire (nommé sur concours, sur compétences, sur cooptation, en autogestion d’assemblée syndicale à vote plus ou moins secret, en sous-traitance de mandat public ou en interne, avec tendance à faire imposer à cette fonction publique elle-même comme aux autres une neutralité laïc militante… ou son contraire en Iran ou en Arabie Séoudite – base des États théocratiques).
Tous sont des individus plongés dans la réalité, sous le contrôle et la direction plus ou moins efficiente d’élus plus ou moins compétents en gestion. Et surtout plus ou moins cohérent en matière éthique selon le conflit intérieur de chacun entre « goût du pouvoir » et « fidélité à ses valeurs politiques et éthiques ». Trop font de leur mieux mais sont plus soucieux de se faire réélire soit par l’image de leadership visionnaire pour les uns, soit par une gestion réactive (aux sondages) et minimalement efficiente des affaires courantes pour d’autres. Mais trop rares sont les élus capables de combiner avec inventivité à la fois leadership (dans leur lois et décisions) avec management (dans l’applicabilité des décisions et le respect desdites lois) sans une débauche de moyens (restent-ils des administrations publiques dans le monde qui équilibrent leur comptes actuellement ?). Les meilleurs doivent être ceux que l’Histoire rebaptise d’Hommes d’État, visionnaires capables de s’entourer des bons gestionnaires sans leur laisser carte blanche sur les moyens.

J’en comprends en résumé que la vision, la nature et même la créativité de la décision des actes administratifs relèvent de la Politique et de la Stratégie. On parle d’ailleurs de choix politique comme de choix stratégique. Mais être conscient ou au contraire inconscient qu’il y a matière à une décision pratique à prendre relève de la Saine Gestion. Cette dernière vise donc à éviter les attitudes d’autruches : autant celles qui se cache la tête dans le sable que celles qui étirent leur cou au-dessus des nuages-mirages. Dans les deux cas, elles ignorent les actes (ou non-actes) de mauvaises gestion sur la terre ferme.
L’approche de Saine Gestion a aussi le mérite d’être pragmatique et de faire ressortir les contradictions internes qui peuvent demander un arbitrage en fonction de la mission-vision-valeurs plutôt que de laisser le pourrissement d’une situation s’installer. En ce sens, elle peut aider à définir les choix, mais pas s’y substituer : juste s’assurer que ce seront de vrais choix implémentables, pas des utopiques phrases en langue de bois ou des réponses baclées ou de mauvaise foi cynique délibérée pour gagner du temps de pouvoir confortable.
Les différents systèmes de financement politique dans le monde mériteraient d’être comparés , mais l’impression d’ensemble est peu encourageante : y en aurait’il un seul qui passerait le test de conformité d’un audit de Saine Gestion ? Sinon il serait peut-être temps de faire preuve de créativité !

par Rodrigo le 12/23/2010

Oh la la ! L’ex Presidente de la Republique Francaise se fait froter les oreilles un peu. A quand l’analyse sur des dirigeants mexicains (surement plus complexe c’est sur) ?
- Rodrigo (prof. Universidad Nacional Autónoma de México)

par Bernard Brault le 12/23/2010

Rogrigo,
La seule façon de faire avancer les choses en politique est une intervention neutre et impartiale. L’émotivité est parfois mauvaise conseillère. C’est ce que Saine Gestion tente de placer à part. Merci de votre visite professeur Rodrigo.

Bernard Brault

par Institut de Saine Gestion le 03/30/2011

[...] La série de deux articles publiés en décembre concernant Jacques Chirac demeurent d’actualité pour nous. Si ca vous intéresse : Financement …   [...]

par moussouni le 03/05/2012

es-que ceux qui crée les parties politiques sont les managers ou les leadership . merci répondez a mon e mail

par Bernard Brault le 03/05/2012

Bonjour

Créer au sens de fonder, ce n’est pas nécessairement une fonction de manager. Mais un parti politique est une organisation, avec une mission, des employés qui adhèrent volontairement à une structure diriger par un gestionnaire, leader ou non etc. Donc si votre fondateur en devient le dirigeant, celui ci EST un gestionnaire, leader ou non, qui devra répondre de ses gestes devant ses membres. Par ailleurs ce n’est pas le parti politique qui dirigera le pays, donc un parti politique est une organisation indépendante de la gestion d’état. Son rôle est électorale et vise à promouvoir une vision politique et à faire en sorte de faire élire ses candidats.

Bernard Brault

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