Ville de Québec : Victoire de la gestion transparente des journalistes
- Bernard Brault
- 2 avr. 2010
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 nov.
Autopsie de la décision du maire Labeaume
Clotaire Rapaille était dans la mire des journalistes ! Une fois Rapaille mis sur la paille, le maire de Québec s’est fait prendre comme un débutant, il a montré un côté vulnérable et a reçu une torpille. Résultat : une perte de confiance de ses commettants, somme toute inutile compte tenu d’un péché fait sans mauvaise foi ! Il n’aura pas de seconde chance.
La gouvernance gouverne, mais si cela n’avait été du journal Le Devoir, n’en déplaise au maire Labeaume, il est peu probable que Clotaire Rapaille aurait été mis à la porte avant la fin de son travail.
En matière de Saine Gestion, la fonction de direction et la prise de décision requièrent une évaluation des risques et une conscience éthique. Outre les six principes fondamentaux, les PSGGR comprennent aussi un certain nombre de principes dits d’application. Par exemple, associés à la fonction de direction, on reconnaît les principes de prudence, de risque, de recul, et de consultation.
Petite démonstration avec les PSGGR
Si le maire avait consulté un expert en matière de Saine Gestion, (notion de prudence, PSGGR 4.4.5), ce dernier lui aurait sans doute suggéré d’évaluer les conséquences et les impacts de son projet. En particulier les conséquences négatives d’un éventuel échec ou dérapage, c’est-à-dire l’évaluation du risque. (Notion de risque, PSGGR 4.4.4)
En matière de Saine Gestion, le conseiller lui aurait suggéré en toute prudence de soumettre la candidature de son protégé auprès d’un comité indépendant pour éviter toute apparence de conflit (Principe de consultation : PSGGR 4.4.7). Les membres de ce comité auraient étudié et vérifié de façon plus rigoureuse le CV de monsieur Rapaille.
Bien qu’il faille souligner le travail exceptionnel d’enquête des journalistes du Devoir, un comité de travail en serait venu à la même conclusion bien avant le scandale.
Fort des résultats de ses conseillers, Monsieur le maire aurait pu prendre le temps de relativiser sa décision (Principe de Recul, PSGGR 4.4.6) et finalement en venir, nous l’espérons, à une décision différente.
Prévisible, gros comme le pont de Québec ?
Pour ceux qui doutent de la valeur du processus décisionnel de Saine Gestion, regardons le contexte dans lequel aurait dû être évalué le risque.
1. IMPORTANCE RELATIVE DU RISQUE : D’abord, il faut bien réaliser ici que la prise de décision ne concerne pas l’installation d’une borne-fontaine ou de tuyaux pour 3000 $ ou 5000 $. On parle d’une facture d’honoraires de plus de 300 000 $.
2. NÉCESSITÉ DE CRÉER UNE NOUVELLE IMAGE : Évidemment que cela allait créer une vague de protestation. Gérer le changement demande un peu de doigté.
3. APPEL DE SERVICES : Plusieurs consultants en marketing, en publicité et en psychologie industrielle de calibre, résidant à Québec ou ailleurs au Québec auraient pu faire l’ouvrage, incluant une foule d’étudiants de l’Université Laval et de toutes les universités du Québec qui auraient pu soumettre des projets et des idées tout à fait gracieusement dans le cadre d’un grand concours québécois. D’ailleurs la société « Les Publications du Québec » a déjà eu recours à de tels procédés. Doutez-vous encore de la prévisibilité de la gaffe?
4. EXERCICE DE LA DÉMOCRATIE : Lorsque l’exercice démocratique donne à un politicien et à son groupe un pouvoir presque absolu, (à rendre malade le maire de Montréal), n’est-il pas encore plus redevable devant ses commettants ? Lorsque nous, les Montréalais, entendons que Québec est devenu un petit royaume, c’est gentil, mais un peu inquiétant.
5. COUVERTURE MEDIATIQUE : Quand on vit dans une cage de verre, tirer les rideaux trop souvent attire les journalistes.
L’omnipotence, la mégalomanie et le narcissisme, je l’ai déjà dit, nous guettent tous ! Un petit coup bien dosé du principe d’Abnégation aurait été un bon antidote sur le gâteau empoisonné.Cela prend une certaine humilité pour reconnaître le risque potentiel que représentent nos décisions et notre comportement face aux comptes de dépenses, aux abus de pouvoir, par habitude ou par stress, aux voyages et autres avantages plus ou moins justifiés, aux conflits d’intérêts, volontaires ou involontaires dans nos organisations. Beaucoup de gestionnaires décideurs et politiciens vous diront encore aujourd’hui que la fin justifie les moyens.Ce qui caractérise la gestion d’une organisation, c’est le facteur humain, et somme toute, de l’imprévisibilité de la nature humaine. Mettre en place un cadre de Saine Gestion, c’est en fait se prémunir contre soi-même.Quel gestionnaire peut garantir qu’il ne sera jamais tenté consciemment ou inconsciemment de traverser la mince ligne rouge de l’inconcevable? Où il y a de l’humain, il y a de l’humainerie. L’admettre, c’est déjà résoudre la moitié du problème.En espérant que cette courte missive parvienne, par les méandres sinueux de l’Internet à l’administration du maire Labeaume avant qu’une nouvelle pelure de banane ne vienne faire glisser toute la crédibilité et la confiance d’un gestionnaire public, par ailleurs, efficace.



