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La résistance des décideurs au concept de Saine Gestion, une explication

La caractéristique du modèle de Saine Gestion est l’homéostasie des valeurs qui font en sorte qu’un principe fondamental ne peut être invoqué au détriment des 5 autres.


Le concept de la Saine Gestion avec S et G en majuscule de l’OAAQ diffère de l’utilisation généraliste de l’expression saine gestion. La Saine Gestion est définie précisément par des principes fondamentaux et par un cadre d’application éthique d’une société de droit.


Développé et déployé il y a plus de 20 ans par l’OAAQ, le concept de Saine Gestion demeure peu connu du grand public. Du coté des milieux politiques et d’affaires ceux ci sont peut-être réticent à être les premiers à faire la promotion d’une approche aussi systématique et incorruptible.


Pour mémoire, au sens de l’OAAQ, le concept de Saine Gestion est une approche systématique et rigoureuse de gestion qui intègre, dans un modèle de type matriciel, les actes de gestion aux principes fondamentaux de Saine Gestion. Les principes et les normes d’application sont publiés par l’OAAQ dans le compendium des Principes de Saine Gestion Généralement Reconnus (PSGGR).


Ce n’est cependant pas étonnant que les tenants d’une approche de gouvernance plus traditionnelle manifestent une certaine réticence, voire une réserve, devant cette approche systématique de Saine et incorruptible Gestion.


Le modèle et le cadre de Saine Gestion définissent l’espace dans lequel évolue la gestion d’une organisation. Chaque acte administratif et chaque fonction de gestion (Planifier, Organiser, Diriger, Contrôler et Coordonner) sont assujettis aux six principes fondamentaux, à savoir : la Transparence, la Continuité, l’Efficience, l’Équilibre, l’Équité et l’Abnégation.


La caractéristique du modèle de Saine Gestion est l’homéostasie des valeurs qui font en sorte qu’un principe fondamental ne peut être invoqué au détriment des cinq autres. Ainsi, au nom du principe de Continuité, les gestionnaires ne pourraient justifier une dérogation à la Transparence.


C’est tout à fait l’inverse qui arriva dans l’affaire de l’agrandissement du pavillon de l’université du Québec à Montréal, lorsqu’en 2007, la direction générale jugea qu’elle ne pouvait dévoiler l’ampleur des véritables coûts de construction au conseil d’administration, prétextant que le conseil aurait pris une toute autre décision et le pavillon aurait sans doute jamais vu le jour. Leur conclusion : Ils ont substitué leurs pouvoirs sous prétexte que la Continuité était plus importante que leur devoir de Transparence. Imaginons maintenant que nous placions les cinq autres principes en ballotage avec le principe d’Abnégation et le risque des conflits d’intérêts. Explosif n’est-ce pas ?


Les organisations commerciales gérées par des conseils d’administration ont une logique coût/bénéfice qui les oriente vers la notion, non sans fondement, de profitabilité. Le modèle de Saine Gestion est une approche de viabilité et de pérennité des organisations. Bien qu’il y ait des liens évidents entre viabilité et profitabilité, la plupart des administrateurs de conseil d’administration opteront pour l’efficacité plutôt que pour l’Efficience de façon à maximiser le retour sur l’investissement à court terme.


En ce sens, la plupart des écoles de gestion des affaires (business administration) forment des gens d’affaires plutôt que des professionnels de la gestion. Il est alors tout à fait prévisible que le premier réflexe des gens d’affaires sera de combattre tout encadrement qui pourrait limiter la portée du développement de leurs affaires. L’effort de pro-activité pour implanter le modèle de Saine Gestion apparaîtra toujours pour ces décideurs comme un coût additionnel qui n’aurait pas, de prime abord, un retour clair sur l’investissement.


Le portrait pourrait cependant changer rapidement si les décideurs étaient confrontés à des pressions externes: petits actionnaires, institutions financières prêteuses, cadres intermédiaires, employés et syndicats. La Saine Gestion est une référence de gouvernance et se permet de dire les vraies choses en matière de gestion publique ou privée. Sans cette approche matricielle il se trouvera toujours quelqu’un pour passer à travers des filets tissés à grosses mailles. En réduisant la grosseur des mailles, nous espérons aussi diminuer la liberté des prédateurs.


Bernard Brault, F. Adm.A, FCMC, est consultant expert en Gouvernance, en éthique managériale® et en Saine Gestion. Auteur des livres Exercer la saine gestion, Fondements, pratique et audit, et Le cadre de Saine Gestion, un modèle de gouvernance intégré, publiés aux éditions CCH.

 
 
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