Fonction publique: La gouvernance gouverne ! Aidez-moi pour une prescription de médicament !

Écrit par Bernard Brault le 23/03/2010

Le rôle de l’ISG n’est pas d’ajouter de l’huile sur le feu, il y en a d’autres qui le feront mieux que nous. Le rôle de l’ISG est d’apporter un éclairage pragmatique face à une situation confuse où manifestement la gouvernance a perdu le contrôle.

Je sens que je vais me répéter. Depuis quelques semaines, on nous sert collectivement une salade « tutti frutti » d’horreurs managériales : bonus et jalousie, formation de 48 heures en matière de silence managérial et 48 heures d’attente dans les urgences. Infirmières harcelées et ministre offusqué parce que les infirmières ne travaillent pas. Trop d’argent pour les cadres, pas assez pour les infirmières (je n’ai pas envie de vous parler des médecins spécialistes).

Pour ajouter l’insulte à l’injure, on nous prépare psychologiquement en nous disant, simplement pour expliquer tous ces dérapages, que la fonction publique et certains médecins veulent se comporter comme dans le privé, en conservant le meilleur des deux mondes ! Évidemment, quand on a un monopole sur une clientèle captive, disons que les sources de revenus sont plus qu’assurées.  Je peux vous dire qu’une telle mentalité aurait conduit depuis longtemps n’importe quelle entreprise privée en faillite. Le privé n’ayant pas de marché garanti, il ne peut pas avoir la même arrogance.  Bon, je vous l’ai dit, je ne veux pas me répéter.

Diagnostic : le modèle de gestion de cette fonction publique pourrait trouver place dans un musée pour les horreurs attribuées au management.

Prescription : aidez-moi à proposer le bon médicament. Choisissez parmi les six doses d’antibiotiques suivantes, celles qui pourraient aider « l’homo economicus » de notre fonction publique.
1) Dose de transparence : Reddition de comptes sans biaiser l’information. (Santé ?)
2) Dose de continuité : Conserver la mission de l’Organisation à long terme.
3) Dose d’efficience : Ajuster l’efficacité (objectif) et l’économie (bonus ?)
4) Dose d’équilibre : Décision équilibrée (en prendre au moins une ?)
5) Dose d’équité : Harcèlement et discrimination. (Infirmières ?)
6) Dose d’abnégation : Conflit d’intérêt. (Construction ?)
7) Dose complète : Toutes ces réponses à la fois.

Je vous propose ce petit jeu : s’il vous plaît restons à l’intérieur des règles de celui-ci, c’est-à-dire à travers des prescriptions proposées, vous allez voir finalement ce n’est pas si difficile que ça.

Pour ceux qui veulent pousser le jeu un peu plus loin, vous n’avez qu’à utiliser un antibiotique pour chacune des fonctions de gestion (planifier, organiser, diriger, contrôler et coordonner). Par exemple : Diriger avec transparence, planifier avec continuité et diriger avec abnégation.
J’attends avec impatience vos suggestions. Merci.


27 commentaires

par Réjean Lapierre le 03/23/2010

Apprendre par le plaisir ou développer nos compétences transversales? Peu importe, moi j’oserais prescrire une dose de continuité. Pourquoi? Parce que je pense qu’au rythme auquel notre système de santé se détériore, il n’y aura plus de système de santé avant longtemps. Qui dit mieux?

par carmen le 03/23/2010

Oui, effectivement, la continuité est une bonne idée.

par Bernard Brault le 03/23/2010

Bravo ! Maintenant il faut réfléchir au comment on s’y prend pour assurer la continuité. Par exemple au niveau de la planification et de la continuité, de la direction et de l’efficience ? au niveau de la direction et de l’équité…. ?

par Réjean Lapierre le 03/23/2010

Hummm…. Efficience…. Pourquoi pas couper quelques têtes inutiles dans la haute direction?

par Lise S. le 03/23/2010

Pour soigner les écarts de salaires, est-ce qu’on prescrit une dose d’équilibre?

Lise S.
Infirmière

par Bernard Brault le 03/23/2010

Lise, cela dépend des faits que vous voulez invoquer. Au niveau des salaires, Équité peut être utile s’il y a discrimination (mais il y a déjà la loi) je dirais plutôt organiser avec équité s’il s’agit d’une politique interne qui fait en sorte que vous soyez traités de façon inéquitable. Les menaces visant à vous forcer de rester au travail est plutôt de l’ordre du harcèlement (direction avec équité) Dans une structure du système de santé, par contre, avoir plus de chefs que d’indiens…. ca « varloppe » un tantinet la combinaison organiser avec équilibre Il faudrait parler d’efficience (économie et efficacité). Bref, une vraie grosse maladie !

par Catherine M. le 03/23/2010

Je doute que la situation actuelle nécéssite qu’une seule dose. On ne peut plus dire que le système bat de l’aile. En fait les 2 ailes ont cessées de fonctionner, il s’est écrasé et il attend dans un corridor pour être soigné. Bref, ça prendrait une multi doses de toutes ses réponses.

par Chantal Goulet le 03/24/2010

Notre système de santé est branché sur un poumon artificiel. Le cerveau (le ministre de la Santé) ne contrôle plus le corps (le système de santé). C’est la mort cérébrale. Débranchons le tout… Concepts intéressants tout de même.

Chantal Goulet

par Suzanne le 03/24/2010

Qu’attend le gouvernement, le sytème de santé, pour ingérer quelques doses de saine gestion avant que la maladie s’aggrave ?
Suzanne

par Jean C. le 03/24/2010

Et si on souhaitait implanter le cadre de Saine Gestion à la fonction publique, par où suggériez-vous qu’on commence? Quelles seraient les grandes étapes?

par Nicole Labrie le 03/24/2010

Moi je dirais que Michelle Courchesne aurait besoin de se faire inoculer plusieurs doses de transparence, d’équité et d’équilibre dans ses décisions au sujet de la réforme du calendrier scolaire.

par Bernard Brault le 03/24/2010

Monsieur Jean C.
Implanter un CDSG (cadre de saine gestion) dans la fonction publique, dont le ministère de la Santé, est sans doute une tâche colossale mais loin d’être impossible. Votre question fait l’objet en partie d’un blogue en préparation pour cette fin de semaine. Votre question mérite un addendum. En attendant voici une réponse sommaire.

Pour avoir formé des gens de la fonction publique et de la vérification générale à la fin des années 1990, je sais pertinemment que l’approche Saine Gestion touche profondément les habitudes, les mentalités, les valeurs touchant les processus de gestion et son vocabulaire. Elle frappe de plein fouet l’inertie bureaucratique. Mais elle ne frappe pas tout, il serait faux et injuste de laisser croire que tout l’appareil gouvernemental est dysfonctionnel. (Voir le site de la Régie des Rentes du Québec ) C’est embrionnaire mais c’est un bon début.

Saine Gestion est surtout un modèle qui, par l’effet visuel de sa matrice articulée autour de ses 41 cases, rend extrêmement efficace le diagnostic organisationnel et la façon de le corriger. Saine Gestion est d’abord un grand classeur qui applique une logique et répartit aisément ce qui est conforme de ce qui ne l’est pas par rapport aux Principes de Saine Gestion Généralement Reconnus de l’OAAQ.

On comprendra rapidement que tous ceux qui pourraient se sentir menacés appliqueront de façon plus ou moins active les freins. Je crois que la meilleure façon d’implanter un changement important est de créer un mouvement interne qui suscitera l’intérêt et la motivation autour de la valorisation du métier de gestionnaire par l’approche Saine Gestion. Pour avoir personnellement formé des cadres et des hauts fonctionnaires de l’État, je puis vous dire qu’individuellement, Saine Gestion est une approche séduisante et valorisante sous la condition évidemment que toute la machine suive.

Première étape : CHOIX D’UNITÉ ADMINISTRATIVE VOLONTAIRE
Seconde étape : FORMATION
Troisième étape : AUTODIAGNOSTIC
Quatrième étape : CONSOLIDATION DES ÉLÉMENTS NON CONFORMES
Cinquième étape : UNIFORMISATION DU CDSG avec toutes les politiques et programmes gouvernementaux.
Sixième étape : IMPLANTATION ÉLARGIE

L’ouvrage

le cadre de Saine Gestion’ publié chez CCH explique bien la démarche d’implantation

.

par Dromadaire Comique le 03/24/2010

Certaines maladies ne se guérissent pas : il faut amputer. Notre gouvernement est atteint d’une sorte de gangrène galopante– http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/carrefour/200905/15/01-856931-gangrene-galopante-a-stopper.php –qu’aucune de vos prescriptions ne saura sauver… Des têtes doivent tomber! Le sang doit gicler en effectuant une saignée purificatrice complète!

par Dromadaire Comique le 03/24/2010

RRQ=?

par Bernard Brault le 03/24/2010

À titre d’information : l’ISG offre une séance de formation d’une demi-journée, introduction au concept de Saine Gestion, gratuite pour les membres, jeudi le 1er avril à 13h.

par Bernard Brault le 03/24/2010

Voir site Régime des rentes du Québec

par Bernard Brault le 03/24/2010

Cher monsieur Dromadaire Comique, la vengence est un plat qui se mange froid. Le problème avec votre proposition, c’est que changer ou couper les têtes sans changer le modèle de gestion nous assure un retour des dérapages. Tant qu’il y aura des hommes .. il y aura de l’hommerie. Couper la tête du dragon et elle repousse. Changer le modèle sans imposer un cadre de gestion Saine, ne servira à rien. Vous êtes de Québec je crois, mes salutations distinguées à vous et à votre maire. Au Plaisir !

par Nathalie le 03/25/2010

Est-ce que les formations se donnent uniquement à Montréal? Nous serions intéressés à former une vingtaine de personnes à Québec.

par Bernard Brault le 03/25/2010

Concernant une formation à Québec, tout à fait. Juste téléphoner à l’ISG pour prendre des arrangements selon le type de formation et le type d’organisme.
514-286-1376

par Jacqueline Cléroux le 04/14/2010

C’est vrai que notre système de santé et notre gouvernement en général ne se porte pas très bien. Il faut effectivement changer le modèle de gestion si on veut un véritable changement. Mais au fait, est-ce que ce n’était pas Jean Charest qui nous avait promis une « réingénierie de l’état »? Nous l’attendons toujours…

Est-ce qu’implanter la saine gestion requiert une réingénierie des processus en profondeurs ou est-ce que ça peut se faire graduellement?

Jacqueline (insomniaque qui ne peut retourner dormir tellement il y a à lire de choses intéressantes ici)

par Marc le 04/18/2010

Belle image et exercice sympa. Finalement les exemples gouvernementaux sont probablement plus accessibles pour le commun des mortels. Pourquoi pas un exemple avec une société privée (fictive ou réelle)?

Marc

par Bernard Brault le 04/18/2010

Il y en a plusieurs dans mes ouvrages. Mais je vous en promets un bientôt. BB

par S. Dimekis le 04/18/2010

Hi, what is the difference between Business Ethics and Sound Management?

par E.T. le 04/19/2010

Mr. Brault,

Bravo, un seul mot… génial ! Je suis à la tête d’une grande société française (multi-nat, plus de 20.000 employés, présence en Amérique, Amérique latine, Asie, Maghreb, etc.) et je suis charmé. Une implantation totale et complète de la « saine gestion », c’est possible ? On doit compter combien de temps et combien de ressources ? Y a-t-il des statistiques connues sur les bénéfices à long terme ?

Respectueusement,

E.T.

par Bernard Brault le 04/19/2010

Cher monsieur E.T. Comment vous répondre en quelques lignes? Je suis à la préparation d’un troisième ouvrage et il y a beaucoup à dire. De façon générale , une formation des cadres et des employés aux valeurs de Saine Gestion et à l’utilisation d’un cadre de Saine Gestion est à la base du succès. Le risque dans une organisation sera la résistance passive ou même active à toute idée de changement. Un peu de doigté, une formation et une bonne compréhension du modèle et de son application de la part des dirigeants pourraient faire en sorte que le middle management serait encouragé par le projet. Il faut faire en sorte que le projet Saine Gestion leur apporte une estime personnelle de leur profession. Au début, il y a 20 ans nous avons fait d’abord des Audits dans un cadre de diagnostic organisationnel, puis nous avons changé notre approche pour apporter un outil d’autodiagnostic portant sur les risques du management. Puis, ce même outil finalement pouvait servir à bâtir un cadre de Saine Gestion basé sur les 41 cases du modèle.

Il faudrait me contacter sur info@sainegestion.org pour obtenir certaines informations plus pointues. L’Institut est dirigé par un groupe de professionnels consultants en management bénévoles qui ont décidé de faire connaitre le concept au public.

Cordialement,
Bernard Brault F Adm.A FCMC

par Bernard Brault le 04/26/2010

Difference between Sound Management and Ethics—In reply to to question of S. Dimekis

(texte en francais plus bas)

The concept of ethical value is closely related to the thought process that led to the development of what we call today Sound Management (with a capital S and a capital M). However, ethics for the sake of ethics has never been our preferred approach. Our approach wasn’t meant to be moralizing—“this is what you should or should not do”—in order to be ethical in your corporate behavior in an organization, while doing business, or during your everyday work.

Ethics is one of the two inputs, that is, one of the two elements or precepts justifying the authorized agent’s obligation (while acting on behalf of another person) and making legitimate the implementation of the six Sound Management values. To this input, said ethical, is added the concept of the rule of law society, an underlying constitutional principle requiring government to be conducted according to law and making all public officers answerable for their acts in the ordinary courts.

Managerial ethics is therefore at the origins of the manager’s obligation to behave as expected, and is closely and exclusively related to the trust he/she should inspire.

It is exclusively on these grounds that managerial ethics speaks through certain fundamental principles of Sound Management, especially Balance, Fairness, and Abnegation. The other obligations represented by the fundamental principles of Transparency, Continuity, and Efficiency result from the manager’s legal duties within a rule of law society. For instance, these obligations are translated into the manager’s everyday acts aiming at achieving the objectives and therefore fulfilling the organization’s mission.

Bernard Brault

Différence entre Saine Gestion et Éthique – En réponse à la question de S. Dimekis

La notion de valeur éthique est intimement liée à la réflexion qui a amené le développement de ce qui est aujourd’hui appelé Saine Gestion avec S majuscule et un G majuscule. Cependant, l’éthique pour l’éthique n’a jamais été pour nous l’approche privilégiée. Notre approche ne se voulait pas moralisatrice dans le sens de « voici ce que vous devez faire ou ne pas faire » dans le but d’être éthique dans vos comportements dans l’entreprise, dans une organisation, dans vos affaires ou dans votre travail au quotidien.

L’éthique est l’un des deux intrants, c’est-à-dire l’un des deux éléments, ou préceptes, qui justifie l’obligation du mandataire et rend légitime l’application des six valeurs de la Saine Gestion. À cet intrant, dit éthique, s’ajoute la notion de société de droit c’est-à-dire de la primauté du droit.

L’éthique managériale est donc à l’origine de l’obligation du comportement attendu d’un gestionnaire mandataire et elle est strictement et uniquement liée à la confiance que doit démontrer un mandataire.

C’est à ce titre et seulement à ce titre que l’éthique managériale s’exprime à travers certains principes fondamentaux de Saine Gestion, en particulier Équilibre, Équité et Abnégation. Les autres obligations représentées par les principes fondamentaux de Transparence, de Continuité et d’Efficience découlent par ailleurs des obligations légales du gestionnaire dans une société de droit. Par exemple, ces obligations font appel aux actes quotidiens du gestionnaire qui visent à l’atteinte des objectifs établis dans le cadre de la mission de l’organisation.

Bernard Brault

par S. Dimekis le 04/26/2010

Hi, thanks very much for the detailed answer. Our society is governed by written laws and I understand the relation to Sound Management in the context of rule of law. However, Ethics is much more intangible and subjective. What is ethical for you might not be for me and vice versa. You may find it correct to accept a trip to Cuba in exchange of a contract but I might not. For me, I may prefer a donation to a benevolent and charitable organization. Which one of us is right? Which one is wrong? What about the one who refuses a « token of appreciation, » but asks for a discount of the same value instead? Is it more ethical??? These are common situations I am sure many of us encountered at one point or another of our careers. Since no laws regulate this, how then could ethics by itself support Sound Management?

Commentez cet article


Veuillez remplir tous les champs Envoyer

Avertissez-moi lorsqu’un commentaire est publié à propos de cet article.


Ou alors, abonnez-vous au suivi des commentaires pour cet article sans le commenter.