Haïti – Reconstruire avec Abnégation ? La somme de tous les dangers !

Écrit par Bernard Brault le 21/06/2010

Le peuple haïtien n’a pas fini d’enterrer ses morts, le reste du monde n’a pas encore eu le temps de réaliser l’ampleur de la catastrophe que déjà il faut reconstruire. Reconstruire proprement la presque totalité d’une capitale, les bâtiments autant que les infrastructures gouvernementales, sans compter toutes les petites villes de banlieue est, au bas mot, colossal et de l’ordre des mégaprojets de l’ère moderne. Et encore, s’il ne s’agissait que de reconstruire ! La vie civile doit reprendre parallèlement et vite. L’institution démocratique doit repartir, elle coûta si cher au peuple haïtien !

Les prédateurs veillent et se confondent aux bons samaritains. Là-bas comme ailleurs, où il y a de l’homme il y a de l’hommerie. L’état haïtien, avec les Américains, les Canadiens et les Français, ou sans eux, ne fera pas exception. Pourquoi y aurait-il moins d’enveloppes brunes qu’à Montréal ? Quel dirigeant étranger pourrait vraiment prétendre faire mieux que chez lui, avec des projets cent fois plus importants que les compteurs d’eau ou même le CHUM !

La reconstruction et le maintien de la souveraineté d’Haïti résument la plus imposante question managériale des temps modernes. Planifier, Organiser, Diriger, Contrôler et Coordonner des sommes, des prêts, des dons, venant du monde entier, avec des grandes puissances contrôlantes et l’ONU, sans compter le risque de tomber dans l’anarchie, d’écorcher des intérêts politiques et idéologiques, et de faire face au lobbying financier ! Toute une belle brochette de vautours qui volent au-dessus du nid de coucou !

Même si cela ne se fera jamais, j’aimerais croire à une volonté internationale de Saine Gestion, exercée de concert avec un organisme supranational et les autorités souveraines d’Haïti. Imaginons différentes instances qui partageraient les principes de Saine Gestion pour leur gouvernance commune. Tous les participants y trouveraient leur compte sans causer de détriment à l’autre. Une ville et un pays qui renaîtraient et qui seraient source de fierté devant le monde entier, tout en donnant enfin au peuple le plus pauvre de la terre une chance de vivre mieux.

Qu’est-ce que le modèle de Saine Gestion ? .

On peut rêver. L’approche de Saine Gestion est cependant impossible sans hommes et sans femmes de bonne volonté et elle est facilement vérifiable, ce qui la rend en pratique incontournable pour ne pas dire presque incorruptible. Incorruptible et difficile à manipuler ! C’est la raison première pour laquelle beaucoup de gens prendront rapidement leurs distances devant le concept de Saine Gestion.

La finalité du concept de Saine Gestion vise la viabilité des organisations et leur mission. Ici, la mission serait la reconstruction d’Haïti. La viabilité est l’objectif qui n’est pas en contradiction avec le profit, mais en Saine Gestion la viabilité prime. Voilà donc la seconde raison pour laquelle la Saine Gestion ne peut venir en aide à Haïti !

Une fois que les bons samaritains au bout de leur énergie de bénévoles seront en repos bien mérité, qui fera les vraies affaires ? Les gens sérieux siégeant sur des conseils d’administration sérieux, qui devront rendre des comptes à des actionnaires et des banquiers, par exemple de Wall Street, dont les exigences seront une profitabilité proportionnelle à leur hauteur, leurs besoins et surtout à court terme ! Il y aura aussi des entrepreneurs et pas seulement haïtiens, qui se battront par tous les moyens pour obtenir une portion de la tarte. La démocratie risque d’être ébranlée à son tour par des secousses.

Et les politiciens étrangers, eux, seront déchirés entre faire bonne presse et faire du capital politique, (Abnégation quant tu nous tiens !) sans oublier de faire face aux problèmes de leur propre gestion. Implanter une approche de Saine Gestion serait sans doute bien plus facile avec une nouvelle organisation internationale dédiée à Haïti, mais avec l’incurie de leur propre administration, ils trouveront moyen d’invalider la Saine Gestion pour éviter d’affronter l’inavouable.

Et puis, il y a toutes les autres raisons.

Bernard Brault, F. Adm.A, F.CMC, est consultant expert en Gouvernance, en éthique managériale® et en Saine Gestion. Auteur des livres Exercer la saine gestion, Fondements, pratique et audit, et Le cadre de Saine Gestion, un modèle de gouvernance intégré, publiés aux éditions CCH.


10 commentaires

par Jacqueline Cléroux le 04/14/2010

Cet article m’a beaucoup touchée. C’est dommage de penser qu’il existe une solution toute simple à la corruption mais qu’elle n’est pas retenue par les ONG internationales. Il faudrait que les Nations Unis s’intéressent à la Saine Gestion. D’ailleurs, l’ACDI a développé un cadre de gestion de projet utilisé partout dans le monde et qui me rappelle votre grille de saine gestion:

« Selon l’ACDI, la méthode du cadre logique nécessite la préparation d’une matrice à douze cellules comportant trois rangées et quatre colonnes — le « cadre logique ». Un cadre logique orienté vers les résultats décrit le rapport logique qui existe entre les composantes stratégiques d’un projet, les résultats prévus, les indicateurs de rendement, les hypothèses et les risques au niveau conceptuel (soit les quatre colonnes) en alignant les extrants, les effets et les impacts (les trois lignes). »

Jacqueline

par George D. Jackson le 10/03/2010

Isn’t UN people bound under some sort of governance?

Anyways, I just can’t understand why you are so negative. Isn’t it better to have some form of governance rather than nothing at all? I mean, without governance, there is no guideline. People can do almost what they want. At least, governance sets some sort of limits or boundaries. Maybe you system is superior, but although it would be nice to be in a Cadillac (Sound Mgmt), would you rather not be in a small Ford Focus (governance) than walking (no control in place)?

George D. Jackson

par Rachida Bouayad le 10/03/2010

Cher Mr. Bernard,

Est-ce qu’on peut commander le Pack Saine Gestion pour une société dans un pays en développement? En quoi le pack diffère’t'il du pack Canadien?

Bien à vous,

Rachida

par Bernard Brault le 10/04/2010

Bonjour
En fait, simplement dans la façon de l’appliquer. La notion d’importance relative et d’incidence sur la mission de l’organisation est la clé du modèle. Il est impossible d’avoir 100 % de conformité. Par contre, la conformité du cadre de Saine Gestion de l’Institut permet de s’assurer qu’aucune dérogation mettra en péril la mission de l’organisation ni sa capacité de faire face aux enjeux.

par Jean Latour le 12/08/2010

Excellent post. En effet, M. Ménard avait raison d’agir de la sorte. La compétence n’a rien à voir avec l’éthique!

Jean Latour

par Panerai Ukolomi le 12/08/2010

Many thanks for the information. As a UN volunteer, I am always interested in reading about ways to improve 3rd world countries. I believe your proposed Sound Management Framework has some nice potential. Any real-world implementation in a third world country?

Panerai

par Rudy Christofferson le 12/10/2010

Is there some hope for the Haitian people through Sound management? Could a framework like your Sound Management Framework really help them? I mean, it might not help fight sickness, but could it fight corruption and bribing?

Rudy the ethernal perplex

par Lussier Vincent le 12/11/2010

Pauvre Haïti… Si seulement votre système pouvait éliminer toute la corruption instantanément, peut-être y aurait-il espoir qu’un jour ce peuple vivre heureux. Qui aurait le pouvoir de forcer les dirigeants haïtiens à employer le cadre de saine gestion? L’ONU? Le Canada? Les USA? Le peuple?

Lussier

par Robert P. le 12/14/2010

Abnegation? Ça veut dire quoi exactement? Comment appliquer un principe si on ne connaît pas sa définition?

Robert

par Bernard Brault le 12/14/2010

Bonjour Robert. L’abnégation, ce n’est que le principe qui justifie la résolution des conflits d’intérêt ! Ne pas se placer en position de conflit réel ou potentiel. Et en cas de conflit réel, subordonner ses intérêts en faveur de l’organisaiton que l’on gère. C’est tout. Je sortirai bientôt un article résumant la section de mon ouvrage qui en traite. Voici ce qu’en dit un petit extrait des PSGGR de l’OAAQ.

2.7 ABNÉGATION
Principes
2.7 (1) «Abnégation» : Qualité de celui qui renonce à tout avantage ou intérêt personnel autre que ce qui lui est contractuellement ou explicitement accordé dans l’exercice de ses fonctions d’administrateur, en faveur de ceux de l’organisation.
2.7 (2) Pour assurer la saine gestion, l’administrateur doit, dans l’exercice de ses fonctions, subordonner ses intérêts et se dévouer à la sauvegarde du patrimoine de l’organisation.
2.7 (2.1) Il y a conflit potentiel ou réel lorsque les intérêts privés de l’administrateur se heurtent aux intérêts de l’organisation. (28-04-1998)

Le cadre de Saine Gestion par la suite explique le QUOI FAIRE et le COMMENT FAIRE pour chaque combinaison avec la planification, l’organisation, la direction, le contrôle, et la coordination. Il est difficile de résumer davantage plusieurs centaines de pages.

Merci de votre intérêt

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