Corruption et malversation : Évaluer les risques et les failles du management

Écrit par Bernard Brault le 11/03/2011

Les dérapages du management, le gaspillage de fonds publics, les conflits d’intérêts, les malversations, l’abus de pouvoir, les détournements de fonds, la collusion et la corruption, que l’on ne peut même plus appeler scandales depuis qu’ils sont devenus le pain quotidien des médias, ne semblent même plus nous émouvoir outre mesure. Je vous l’ai déjà dit, le cynisme pseudo-humoristique est le ProZac engourdissant qui assure l’immunité à ces crapules à cravates et autres sympathiques cancrelats déguisés en administrateurs de société, PDG, DG, élus et gestionnaires qui dirigent trop souvent nos organisations publiques et privées.

Évidemment ils n’ont qu’à être compétents, baveux et omnipotents et ils seront aisément portés au pouvoir grâce à notre sens inné de l’idolâtrie et du masochisme. Certains croient que nous avons, que nous élisons et nommons les dirigeants que nous méritons !

Permettez-moi de conserver une petite gêne toute personnelle. Parce qu’il y a aussi les autres dirigeants et gestionnaires, qui sont, (eh ! oui il y en a !) honnêtes et intègres.

Gérer ou prévenir le risque : L’œuf ou la poule ?

Soigner les symptômes dans le domaine consiste à déposer des plaintes à la police, aux procureurs et au système de justice. Certains croient qu’une enquête publique aura un effet « nettoyeur » de la malversation ! Et s’il y avait un élément déclencheur ou facilitateur à tous ces dérapages managériaux !

« Gérer les risques et condamner les coupables, c’est très bien, mais identifier les risques qui sont liés à la gestion pourrait laisser moins de portes ouvertes à la malversation, aux conflits d’intérêts et à la corruption »

Il est connu depuis des décennies que les plus grandes catastrophes aériennes et naufrages de l’histoire étaient la conséquence de faille de la gestion, de laxisme, de manque de contrôle et de non-respect de règles, politiques et procédures. Dans la plupart des cas ce n’est pas un seul élément qui sera la cause de la catastrophe mais une série d’évènements et de concours de circonstances que personne n’aura su détecter. Pis encore, le facteur humain, qui dans un moment d’incompétence se sera fié sur la prochaine procédure pour ramasser une erreur.

Identifier les lacunes grâce au cadre de Saine Gestion de l’ISG

Nous avons démontré dans l’affaire Norbourg, qu’un simple audit de Saine Gestion aurait permis de déceler dans le management les signes avant-coureurs du plus important détournement de fonds de petits épargnants au Canada et au Québec. Plusieurs gestionnaires-dirigeants impliqués de près ou de loin dans Norbourg auraient pu cependant déceler, contrôler ou limiter les dégâts en évaluant les risques liés au management de cette organisation, parce que la gestion laisse des traces que la matrice de Saine Gestion peut détecter.

Le laxisme administratif, l’absence de politique interne, des règles inconsistantes d’une gouvernance trop gentille, l’impossibilité de cerner la responsabilité décisionnelle des gestionnaires, les conflits d’intérêts des administrateurs de sociétés et des directeurs généraux coincés entre leurs options ou leurs bonus, l’intérêt des actionnaires et la protection du patrimoine de l’organisation sont des facteurs de risques connus mais difficilement identifiables sans une analyse des éléments facilitateurs. Même Arsène Lupin avait besoin de complices volontaires ou involontaires et d’un système administratif complaisant.

Il faut malheureusement ajouter au tableau déjà peu reluisant le risque d’installer à demeure un dirigeant psychopathe organisationnel qui assurera l’euthanasie subtile de l’organisation en détournant la mission à son propre profit.

Ces risques sont réels et détectables évaluant à travers la matrice de Saine Gestion la conformité des processus administratifs, de la gestion, de l’exploitation, du contrôle, ainsi que des politiques administratives.

Voici quelques outils d’évaluation de risques qu’offre le modèle Saine Gestion appliquée : Audit externe ou autodiagnostic interne :

Simplement pour vous rappeler que l’approche Saine Gestion de l’ISG offre une approche matricielle systématique qui assure que tous les actes administratifs regroupés sous l’appellation des fonctions de gestion peuvent être combinés aux six principes fondamentaux de Saine Gestion de l’OAAQ. Cette approche de type élément fini permet de faire un autodiagnostic complet des risques de la gestion.

En matière de contrôle de gestion,  le modèle théorique et le cadre de Saine Gestion forment le seul système d’évaluation à élément fini (matrice) permettant un véritable audit systématique par une analyse de conformité de la gestion d’une organisation.

Autrement dit, le modèle de Saine Gestion est un grand classeur qui permet d’abord de classer toutes les politiques et les processus existants dans une organisation. Les cases qui seront peu ou pas remplies représentent alors un risque potentiel.  Selon la matérialité de ces « absences » en fonction de la mission et des enjeux, le gestionnaire-dirigeant évaluera la nécessité ou la pertinence d’y apporter les corrections requises selon un agenda proportionnel à l’importance relative du risque identifié, le tout en fonction de la mission et des enjeux auxquels font face l’organisation.

Conclusion

Soyons clair, la nature humaine, l’appât du gain, et les gestionnaires à l’éthique douteuse ne disparaîtront pas avec une approche de Saine Gestion. Mais la mise en place d’un Cadre de Saine Gestion peut rendre drôlement plus compliquée, voire risquée, chaque tentative de malversation, de fraude, de détournement de fonds au détriment des actionnaires ou des contribuables.

Encore une fois, si vous me demandez pourquoi il y encore de la résistance à l’implantation d’une telle approche, je vous dirai au risque de me répéter que c’est une question d’allergie.

Saine Gestion est allergique à la malversation, au copinage, aux conflits d’intérêts, aux mégalomanes, narcissiques et psychopathes organisationnels, aux scélérats, flibustiers, malfrats, forbans, tricheurs, pervers, crapules, cancrelats et autres  personnages lugubres qui rôdent dans certaines de nos sociétés publiques et privées ou qui tirent avantage de ne pas trop brasser les choses. Mais ça, je n’y peux rien.

Cette allergie ne peut être soignée.

Bernard Brault, F. Adm.A, FCMC, est consultant expert en Gouvernance, en éthique managériale® et en Saine Gestion. Auteur des livres Exercer la saine gestion, Fondements, pratique et audit, et Le cadre de Saine Gestion, un modèle de gouvernance intégré, publiés aux éditions CCH.


14 commentaires

par Richard Martineau le 03/12/2011

On vit à une époque formidable, vous ne trouvez pas ?
Vous payez des impôts pour financer le système d’éducation, mais vous devez payer une école privée à vos enfants, car le système d’éducation est tout croche.
Vous payez des impôts pour financer le système de santé, mais vous devez aller vous faire traiter dans une clinique privée, car le système de santé est tout croche.

AJOUTER L’INSULTE À L’INJURE

Vous payez des impôts pour former de nouveaux médecins, mais quand ces médecins obtiennent leur diplôme grâce à votre générosité, ils lèvent les feutres et déménagent dans un autre pays.

Vous payez des taxes scolaires pour financer les écoles de votre région, mais les gens qui sont censés prendre votre argent et le redonner aux institutions partent avec votre fric, jouent à la Bourse et perdent 35 millions de dollars.

Vous travaillez fort toute votre vie, vous confiez votre régime de retraite à la Caisse de dépôt et placement du Québec, le patron de la Caisse dilapide votre fric dans des placements à haut risque, mais avant que le bateau ne coule, il empoche 379 000 $ en boni, saute dans un canot de sauvetage et se trouve un emploi à Power Corporation, qui lui attribue une prime de 800 000 actions.

Et comme si ce n’était pas suffisant, le nouveau patron de la Caisse de dépôt rencontre les principaux directeurs de Québec Inc. dans les bureaux du nouvel employeur de son prédécesseur, qui a crissé la Caisse à terre !

Un chausson, avec ça ?

LA MAIN DANS NOS POCHES

Le gouvernement va dépenser deux milliards de dollars pour financer un méga-hôpital, mais vous devrez y aller en métro, car il n’y aura pas de places de stationnement.

Un syndicat qui ne vous viendra jamais en aide si vous perdez votre job vous demande de quitter votre job pour lui venir en aide. Si vous dites que ce n’est pas très logique, il vous harcèlera et criera à qui veut l’entendre que vous manquez de solidarité.

L’État prend votre argent pour rénover un casino qui prendra votre argent pour le redonner à l’État qui augmentera la TVQ afin de prendre votre argent pour acheter une loge au Centre Bell, histoire d’améliorer les relations d’affaires de la SAQ et d’Hydro-Québec et ainsi leur permettre de prendre encore plus d’argent dans vos poches.

Les municipalités prennent de l’argent dans vos poches pour placer des policiers dans des pièges à contraventions afin qu’ils puissent prendre plus d’argent dans vos poches.

BIENVENUE AU QUÉBEC

L’État prend de l’argent dans vos poches pour financer des programmes contre le surendettement, puis s’endette.

L’État prend de l’argent dans vos poches pour financer des campagnes de bonne alimentation, puis finance une agriculture qui vous rend malade.

Un conseil : vous avez des amis étrangers qui n’ont jamais vu le Québec ? Invitez-les cette semaine.

Ils verront le Québec dans toute sa splendeur, dans toute sa magnificence.

Des contribuables pressés comme des citrons, un État qui gaspille des milliards de dollars dans des projets insensés, un système syndical qui se croit encore dans les années 70 et des gestionnaires qui jouent à la roulette avec l’argent des autres.

Quinze ans après sa publication, le titre du pamphlet d’Hélène Jutras est toujours pertinent : Le Québec me tue.

HEY ! on fait dur en maudit au Québec !!!!!!!!!

Maintenant,nous comprenons pourquoi Jean Charest ne veut pas de commission d’enquête sur la construction.

Il a des amis à protéger,et même ses fesses. !!!!!!!!!!!

par Bernard Brault le 03/13/2011

Bonjour Monsieur Martineau

Merci de prendre le temps d’écrire sur ce forum.

Votre commentaire est malheureusement partagé par beaucoup de gens au Québec. Mon étonnement c’est que vous soyez étonné !

Pourquoi personne ne réagit à part de chialer ? Mieux vaux en rire et s’engourdir au ProZac de l’humour autodestructeur que de proposer une approche qui exige un petit effort intellectuel, un peu de discipline et surtout un exercice d’introspection sur notre propre éthique ?

Nous reprochons à nos gestionnaires publics (et privés ne vous en faites pas) ce que nous faisons allègrement tous les jours, On veut l’éthique pour les autres, mais nous, on peut tricher ? Et vous allez me répondre : tout le monde le fait, fais-le donc ?

Nous avons les dirigeants que l’on mérite.

Ah … parce que vous croyez qu’il n’y a que Jean Charest qui triche ? On ne parlera pas des impôts parce que c’est contre nature de payer pour toute cette mauvaise gestion, d’accord. Mais le reste, ces administrateurs de sociétés qui ont des comptes offshore aux Bahamas, aussi ces dirigeants qui ne travaillent que pour leurs options ? Combien d’employés empruntent un stylo, de la papeterie de leur employeur ? Combien se servent allègrement dans les inventaires. Pourquoi dans les épiceries les marchands doivent spécifier que les fruits ne sont pas gratuits ? Combien d’employés volent littéralement des heures à leur employeur en utilisant INTERNET à des fins personnelles: Est-il normal que l’on règle ses comptes bancaires par Internet pendant les heures de travail ? Que l’on puisse « texter » des banalités à tous nos amis sur les réseaux sociaux sur les heures de travail de notre injuste patron. Combien d’employés empruntent les équipements aux garages municipaux ? Combien de citoyens avisés font déneiger leur entrée en payant un petit surplus au fonctionnaire de la pelle municipale ? Ah ! vous n’avez jamais entendu ?

Il n’y a pas que les employés de la fonction publique qui reçoivent des offres pour aller se reposer dans des condos de fournisseurs, dans des congrès de profession médicale, sur des bateaux somptueux d’entrepreneurs dont nous ne pourrions même pas nous payer une réplique miniature en plastique. Combien de gestionnaires, de décideurs, d’ingénieurs, de comptables, de médecins, (je ne parle pas des avocats parce qu’ils ont l’obligation d’être honnêtes) ont plié un peu sur leurs principes pour conserver un emploi ? Un mandat ? Un client ?

En ce sens ne croyez-vous pas que nous avons des dirigeants à notre image ? Ceux que nous méritons ? Changer Jean Charest pour un autre Jean Charest ? Proposons plutôt à nos élus (ou futurs élus) de changer vraiment les choses, ceux qui hésitent ou qui ont peur de l’approche incorruptible de Saine Gestion seront les véritables personnes à changer.

Un modèle de Saine Gestion ?

Pour espérer un jour assainir les mœurs du management au Québec, au Canada et sur toute cette petite planète que nous habitons en colocataire, il faut qu’un cadre (un environnement rigoureux) ou une Saine Gestion soit à l’honneur et exigé par les gens intègres qui cherchent une véritable solution.

Messieurs les journalistes, il n’y a pas que la transparence comme principe de Saine Gestion ! Il existe aussi 5 autres principes de Saine Gestion, qui doivent être respectés…. tous à la fois (homéostasie).

Donc, il faut un cadre de gestion où les échappatoires seront très difficiles, où les gestionnaires auront une responsabilité face aux règles de l’Art de leur profession.

Pertinence des PSGGR (Principes de Saine Gestion généralement reconnus) ? Oui pour construire un pont entre le droit, l’éthique et la société, pour reconstruire notre fierté nationale. C’est pourquoi je me casse la tête pour écrire bénévolement sur ce site !

Entre-temps laissons le ProZac de côté, s’il vous plait !

par Carol’Ann le 03/14/2011

À la fois triste et malheureusement si vrai… L’ironie, c’est que tant qu’il y aura au moins une personne qui ne voudra pas renoncer aux soi-disant avantages de la fonction, la corruption et tout le reste (vol, abus, etc.) continuera.

Concrètement, sans faire comme en Libye, comment envoyer un message clair à nos dirigeants (qu’ils s’appellent Harper, Charest, Vaillancourt, Labeaume, Tremblay ou Marcotte) et leur dire qu’on en a plus qu’assez???

Carol’Ann

par Claude G le 03/15/2011

Messieurs Martineau et Brault. Votre croisade m’impressionne. Mais on ne va nulle part. Il y a comme une inertie qui est peut être causée par de notre dépression collective, comme semble le dire M Brault. Mais je vous dit ce n’est pas seulement au Québec, regarder en Europe…..

L’Institut exprime probablement un moyen fort pragmatique, sans doute efficace mais malgré tous vos efforts, encore peu connu… Que pouvez vous faire ?

par Bernard Brault le 03/15/2011

Monsieur Claude G,

Je dois vous dire que d’abord, notre seule présence sur ce site fait déjà état d’un exploit.

Plusieurs nous avaient prédit que nous ne tiendrons pas un an. Plusieurs espèrent encore notre disparition. Parce que nous commençons à déranger et à poser les vraies questions, sur l’éthique, par exemple, dont l’approche proposée par nos gouvernements ne vise qu’à faire taire les médias. Je prépare un nouveau billet à ce sujet qui risque d’être vitriolique.

Par ailleurs, beaucoup d’organismes se sont approprié le modèle et le concept. Quelques municipalités en évaluent les avantages, certains ont entrepris une démarche dans le cadre de leurs travaux sur leur éventuel code d’éthique. Le réseau des CPE au Québec est très en avance. Le secteur anglophone en particulier a un dynamisme peu commun concernant l’approche Saine Gestion. Nous avons maintenant près de 1 000 personnes différentes qui nous visitent mensuellement et cela en moyenne 3 fois par mois. Près du tiers sont de nouveaux visiteurs. Maintenir leur intérêt exige cependant de la part de nos bénévoles et commanditaires des efforts démesurés.

La meilleure façon de nous aider c’est d’aller sur les réseaux sociaux, de parler de nous, et de susciter l’intérêt de la majorité silencieuse. Peut–être y apprendrons-nous, que toute cette majorité n’a aucun intérêt pour vraiment changer les choses !

par C Tremblay le 03/15/2011

En général on s’attend toujours à ce que les autres fasse notre travail ! Donc attendons.

par Bernard Brault le 03/15/2011

Ad libitum jusqu’a ad nauseam

par Hélène le 03/15/2011

Au Québec, il n’y a que de la honte. Les intellectuels se cachent sous la couverture de la saine gestion, devisent de beaux principes (pas juste de transparence à ce qui paraît) et sortent des mots que seuls eux comprennent (homéostasie).

Savez-vous qu’un resteur d’université gagne 358,000 $ par année en moyenne au Québec? Saviez-vous qu’une principale d’université telle que Heather Munroe-Blum à McGill gagne près du million de $? Pour rejoindre le commentaire de Richard Martineau, c’est tout simplement écoeurant.

Qu’on ne se demande pas pourquoi notre système est tout croche après ça. Le problème est dans la tête et dans le coeur des gens. Je ne crois pas que la saine gestion, en dehors du cercle des intellectuels qui en parlent le samedi soir en sirotant leur porto, ne pourra y changer quoi que ce soit.

Helène

par Bernard Brault le 03/15/2011

Hélène,

Je partage votre nausée, mais pas votre diagnostic. Le concept de Saine Gestion est plus simple et moins intellectuel que l’on pense. Prenez quelques minutes pour en comprendre l’essentiel de la matrice et vous verrez qu’il s’agit simplement d’une approche rigoureuse. Si vous n’y voyez vraiment aucune application dans votre entourage, parlez-nous de la mauvaise gestion que vous observez ou dont vous êtes victime. Pour le Porto, je serais preneur !

par C Tremblay le 03/15/2011

Je crois que les intellectuels ne connaissent même pas saine gestion au Québec. Ca vendra de l’extérieur vous verrez !

par Philippe Clement le 03/16/2011

Mes commentaires se retrouvent déjà ici:
(je pense que vous allez tous vous régaler…)

http://benhur.teluq.uquebec.ca/wordpress/sanspapier/chroniques/politique/politique3_0111/

http://benhur.teluq.uquebec.ca/wordpress/sanspapier/chroniques/politique/politique5_1210/

http://benhur.teluq.uquebec.ca/wordpress/sanspapier/chroniques/politique/politique5_1110/

http://benhur.teluq.uquebec.ca/wordpress/sanspapier/chroniques/politique/politique2_0510/

http://benhur.teluq.uquebec.ca/~journal/2009_12/politique2.html

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Quelques morceaux choisis…:
(publiés depuis déjà plusieurs mois)

D’autre part, les choses sont-elles vraiment plus transparentes au niveau fédéral, provincial qu’au niveau municipal? J’ai récemment suivi 3 formations offertes par TPSGC (Travaux Publics Canada). Quelle ne fut pas ma surprise que de constater que, parmi les participants (en très petit nombre), il n’y avait AUCUNE grande firme d’ingénierie ni AUCUNE entreprise de travaux publics, ni AUCUNE entreprise de construction. On parlait bien de formation (comment présenter une soumission, rédiger une bonne réponse à un appel d’offres, etc.) et ce, pour des montants allant de 25 000 dollars à plusieurs millions de dollars. Aucune grande firme n’est intéressée par ce genre d’information et de formation GRATUITE? (qui ne se donne qu’une ou deux fois par année). Absolument personne? Qui était présent? Je vous le donne en mille: Uniquement des « petits joueurs » ou des travailleurs autonomes. Pourquoi donc? Les « grandes firmes » savent-elles déjà « TOUT » des appels d’offres? Ont-elles la science infuse? N’ont-elles jamais besoin, de temps à autre, d’une petite mise à jour de leurs connaissances en matière d’appels d’offres? Ou bien, se peut-il qu’elles n’aient absolument aucun besoin d’assister à ces formations? Pour des raisons que je vous laisse deviner…

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On pourrait s’imaginer que les histoires récurrentes de corruption, collusion et autres prévarications vont finir par lasser le citoyen, le téléspectateur, l’auditoire. Il faut espérer que non. Ce qui se passe est très grave. Et je ne crois pas qu’il faille quasiment banaliser ces histoires d’horreur comme semblait vouloir le faire Denise Bombardier récemment en disant que finalement, ce n’est pas si pire ou ce n’est pas mieux ailleurs. Du grand n’importe quoi. Moi qui partage très souvent son avis, là, je décroche complètement.

Une des choses les plus graves selon moi, c’est qu’on « découvre », ou fasse semblant de découvrir que tout ça, finalement c’est récent. Je connais et j’ai connu un tas de gens, n’ayant que peu ou aucun lien avec le secteur de la construction et qui savent depuis longtemps que le milieu politique, provincial, municipal, la justice, etc., que tout, absolument tout, est pourri, corrompu. Pas pourri à 100%, mais pourri à tous les niveaux. Corruption et collusion sont les deux mamelles… Et je me dis depuis longtemps que si de simples citoyens le savent ou le pressentent, d’autres personnes mieux placées doivent forcément, elles aussi, être au courant. Forfaiture et pourriture sont les deux mamelles… Tout le monde sait au fond que le MacLeans a raison. Le Québec est « the most corrupt province ». Mais il est de bon ton de jouer aux vierges offensées, aux nationalistes effarouchés, de jouer la carte de la xénophobie. De la xénophobie? Entre provinces d’un même pays? Vous êtes vraiment des malades mentaux pour sortir de pareilles inepties…

Il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles! Parce que pour qu’une route s’effondre, un bon pot-de-vin suffit, ou même plusieurs petits, moyens, ou une savante combinaison des deux ou des trois. Facile de soudoyer et « d’arroser » à droite et à gauche. Enveloppes blanches ou brunes, le principe est le même, la finalité est la même. Un peu moins de remblai par ici, un peu moins de gravier par là, une plate-forme un peu moins tassée, du remblai moins comprimé, un accotement moins solidifié, moins d’heures passées, moins de matériaux utilisés, une moindre qualité de fourniture par ci et d’équipement par là, et à force de couper « les coins ronds » tout en faisant exploser les prix, on se retrouve avec une budget déficitaire de partout (sauf pour les poches de quelques-uns) et avec des routes et des infrastructures délabrées qui laissent croire aux visiteurs étrangers que nous vivons en permanence en zone de guerre.

Pourquoi les « argentiers » des partis politiques ne cherchent-ils pas plutôt à faire nommer des directeurs d’hôpitaux, des hauts-fonctionnaires, des responsables de dossiers? Pourquoi spécifiquement des juges? Est-ce une habile stratégie (habile, c’est vite dit…) de « préparer ses arrières » pour le jour où tous ces coups tordus et autres manœuvres vicieuses et malhonnêtes éclateront au grand jour? En espérant se faire « juger » par un juge qu’on aura contribué à mettre en place? Mis en place à force de nominations douteuses? Entretenu avec des enveloppes bien garnies? Ça va s’arrêter où tout ça? Et quand?

Le premier ministre ne veut pas de commission d’enquête? Eh bien, il n’y en aura pas!

Tout est si merveilleux au doux pays des Bisounours!

Si encore tous ces milliards qui vont dans la poche des firmes d’ingénierie, des entrepreneurs, des partis et autres parasites, faisaient en sorte que les coûts des infrastructures, bien que « explosés » permettaient quand même, malgré tout, d’avoir la certitude que les travaux réalisés le seront dans les règles de l’art… Que ce sera solide, bien construit, durable. Même pas! Et en plus c’est dangereux! On endommage nos autos, les ponts s’écroulent et des automobilistes en meurent! On nous refile de la cochonnerie, des ersatz de travaux publics. Et ensuite on retrouve ces mêmes firmes à se pavaner dans les chambres de commerce? Dans les palmarès des « meilleures entreprises »? Dans les « success stories »? Dans les « fleurons » de l’industrie québécoise? Quelle sinistre farce! Meilleurs employeurs? Bullshit! Ça nous fait passer des tests à n’en plus finir, ça pose des questions débiles et insidieuses, biaisées et ineptes et ensuite ça va fourrer le citoyen en lui vendant de la merde à prix d’or et en le bâillonnant de surcroît? Au pilori!

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Aucune entreprise ne peut être « gérée » comme l’état. Dans le privé, dans l’univers des PME, eh bien, quand il n’y a pas d’argent, on cherche des clients, des nouveaux marchés, on réduit les dépenses. Rares sont les clientèles d’entreprise totalement « captives ». Tandis qu’au sein d’un gouvernement, tous les citoyens peuvent se retrouver pris en otage. Comme avec Hydro-Québec dont on félicite le président pour un résultat des plus normaux, surtout pour une activité monopolistique, surtout lorsqu’on peut s’appuyer sur une clientèle captive. Quelle belle affaire! Mettez donc Thierrey Vandal dans le privé, qu’il nous montre ce qu’il sait vraiment faire. Quand je pense qu’on félicite des Rousseau et des Vandal qui ne sont que des « ronds-de-cuir » privilégiés qui ne prennent absolument aucune risque avec leur argent mais qui en font prendre aux autres, à leurs frais tout en empochant le magot au passage, je hurle de rage.

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La France a eu son mini-Rambo de la finance privée; ici nous avons eu le Terminator de l’argent public. Le Québec a connu lui aussi un cas d’incompétence notoire encore plus énorme que le cas Kerviel. Moins de 6 mois plus tard, on n’en parle déjà presque plus. C’est beau l’amnésie délibérée… Oui, oui, la Caisse de dépôt. À l’échelle de la France, notre ami Henri-Paul Rousseau a « égaré » l’équivalent de 400 milliards de dollars. C’est ce que représentent, proportionnellement, les 40 milliards de la Caisse de dépôt. Proportionnellement, c’est quarante fois plus que Kerviel. Lui aussi en prenant des risques inconsidérés, sur le dos de la collectivité.

À l’échelle des États-Unis, cela représente la totalité de la première phase du « plan de relance » d’Obama ; vous savez, le plan de 800 milliards suggéré par ses brillants conseillers. Le plan qui aurait dû être nommé « Sauvons les riches, ruinons les pauvres » et du même coup, exterminons les autres (les très pauvres). Kerviel a fait de la prison. Rousseau démissionne en grand seigneur en se payant au passage un petit dédouanement médiatique (noble discours style conférence de presse à la Chambre de commerce) et ramasse un petit magot d’un demi-million de dollars au passage. Elle n’est pas belle la vie?

Jérôme Kerviel et Henri-Paul Rousseau sont eux à mettre dans le même panier l’un que l’autre. Mêmes causes, mêmes effets. On prend des risques inconsidérés sur le dos des autres (la banque, la collectivité sociale) et on joue au casino avec l’argent des autres. Ensuite, c’est « après moi le déluge !». Des sanctions pour Kerviel, l’absolution (rémunérée!) pour Rousseau.

par Guy D. le 03/16/2011

Je ne dirais pas non à découvrir la Saine Gestion avec un porto à la main! Pourquoi l’ISG n’organise-t-elle pas une soirée « découverte de la Saine Gestion »?

Guy

par Patryce le 03/16/2011

@C Tremblay : Qu’est ce que tu crois, Saine Gestion, c’est la traduction de « Sound Management » et c’est sûr que c’est pas les québécois qu’y l’ont inventé! Que veux-tu, c’est comme les programmes de TV….. le banquier, loft story, etc…. c’est tout copié des américains!

Patryce

par Bernard Brault le 03/16/2011

Messieurs Tremblay et Patryce. Saine Gestion a été développée ici, …. bien ici au Québec. Mais c’est vrai, bien peu de gens le savent. Vous trouverez un peu partout dans mes articles des références précises (Mais ne l’ébruitez pas. C’est moins bon quand c’est québécois, les vraies affaires ça se fait in english).

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