SNC-Lavalin : La leçon de management

Écrit par Bernard Brault le 05/04/2012

Seul le manque d’argent confère de l’importance à celui-ci !

Un jour, « démontrer la Saine Gestion » sera peut-être une forme de trusted business management certification™ ! Ne pas traduire s’il vous plait, cela n’a pas de sens en français, et encore moins en québécois !

La leçon de management !

Non ! Il n’y en aura pas de leçon ! Personne ne veut de leçon de management. Qui sommes-nous pauvres pions inféodés pour donner une leçon à ceux qui savent si bien jouer au casino avec l’argent des autres ?

Dans la foulée des allégations de pratiques criminelles survenues par le jeu de sociétés-écrans, notamment le versement de pots-de-vin et le transfert d’argent aux membres de la famille en Libye, le conseil d’administration de SNC-Lavalin a trouvé un bouc émissaire. Il a simplement remercié son chef de la direction, Pierre Duhaime, mais non sans lui avoir construit un pont d’or qui permettra une traversée confortable jusqu’à sa retraite ou à un autre poste honorable.

Le conseil d’administration aurait réagi après que les conclusions d’une enquête interne ont démontré que monsieur Duhaime avait contrevenu au code de déontologie de l’entreprise. Il aurait autorisé le paiement de commissions, disons irrégulières, totalisant 56 millions de dollars payables à des agents commerciaux bien connectés.

Selon Le Devoir du 4 avril 2012, l’ex-président de 57 ans recevra près de 5 millions en arrangement de départ. Cette somme comprend entre autres, en compensation de salaire, un paiement de 1,9 million à être versé jusqu’à juin 2014. Il lui sera versé également quelques babioles supplémentaires dont 115 500 $ en avantages sociaux, une contribution à son fonds de retraite et une aide au perfectionnement professionnel et à la transition de 550 000 $.

Leçon de Saine Gestion ?

Vous voulez rire ! Pas le moins du monde. La capitalisation de SNC-Lavalin est pourtant partie intégrante de la plupart des fonds de retraite. Rien de moins. La dérive de SNC-Lavalin causée par une éthique flottante et déroutante aura-t-elle un impact sur la plupart de nos retraites ? Même Jarislowski aurait une participation importante, voire majeure dans SNC-Lavalin. Normal, c’est un « blue chip ». Que dira « l’homme-qui-ne-se-trompe-jamais » et qui a fait fortune en ne jurant que par le choix de bons leaders ?

Trusted business management certification (TBMC)™

Cela pourrait être une sorte de certificat de confiance envers l’administration des affaires d’une organisation publique ou privée. Je ne parle pas ici d’un code d’éthique pseudo-rassurant de commerce ou de service auprès des consommateurs. Il y a peut-être un lien mais je précise que la confiance que l’on accorde au leader devrait être basée sur un encadrement rigoureux de la gestion de son organisation.

L’approche matricielle et systématique de Saine Gestion est appropriée pour ce genre de certification. Nous l’avons largement démontré. Le CDSG, les PSGGR, la matrice des 41 cases sont des outils fort bien articulés. Trop évidemment pour certains.

Impertinente Saine Gestion !

Faisant suite à mon billet du 4 mars 2012 portant sur SNC-Lavalin, un ami de longue date, rompu à la rhétorique de la Saine Gestion me passait un commentaire à savoir que les valeurs de Saine Gestion, en particulier les règles de transparence et d’abnégation (conflit d’intérêts) n’avaient finalement de sens qu’au Canada, ou du moins dans des sociétés qui reconnaissaient une forme de droit anticorruption. J’ajouterais même de droits de l’homme.

Pour mieux passer auprès des leaders, il suggéra que le concept Saine Gestion devrait mettre de l’eau dans son vin ! (peut-être aussi dans un pot !) Il ajouta avec un pragmatisme déconcertant que finalement là où il y avait de l’argent à faire, un conseil d’administration donnerait toujours son aval en minimisant son risque, peu importe la moralité des moyens. Sur un point, il a tout à fait raison, Saine Gestion ne changera pas la nature humaine.

Par contre, si Saine Gestion avait eu de l’eau dans son pot-de vin, il n’aurait pas pu empêcher le dérapage des dirigeants de SNC-Lavalin.

Le resserrement du droit criminel et des sentences au Canada ne changera pas non plus la nature humaine, alors pourquoi maintenir une pression contre la vocation criminelle de certains individus puisque cela ne sert à rien ?

Alors pourquoi Saine Gestion ?

Simplement parce que nous vivons en société et que le dérapage qu’entraînent l’argent et le pouvoir est la plus plausible issue lorsqu’il y a absence de règle applicable, de contrôle et de surveillance constante.

Ce qui m’agace vraiment, et cela ne regarde que moi je le sais, c’est lorsque tout le monde fait semblant que tout est normal, au mieux d’en rire tout en criant au loup et à la vierge éplorée lorsque des gamblers de casinos viennent se servir dans nos épargnes, investissements, taxes et impôts. Je crois que cela s’appelait à une autre époque de l’hypocrisie.

Pour compléter cette analogie, croyez-moi, ce ne sont pas les criminels qui appuieront des règles qui risqueront de les placer à l’ombre pour un certain temps. C’est l’art du sophisme. Laisser croire que Saine Gestion lave plus blanc que blanc, pour la rendre inapplicable.

Saine Gestion n’a rien à voir avec la pureté et le blanc à laver. D’ailleurs la pureté a servi à blanchir plus de crimes contre l’humanité que n’importe quelle rhétorique de gros bon sens. Au cours de la première moitié du XXe siècle, fascistes et totalitaristes se sont d’ailleurs drapés dans cette pureté dogmatique et eugénisante. Faites ce que je dis, pas ce que je fais !

Voilà toute la problématique qu’il y a pour contrer la désinformation entourant Saine Gestion.



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