Vous avez dit … intégrité ?

Écrit par Bernard Brault le 08/08/2012

Pour changer un peu de la question estudiantine, l’intégrité est le thème de l’heure en ce début de campagne électorale québécoise 2012. Cependant, le sujet tiendra-t-il la route jusqu’au 4 septembre ? D’entrée de jeu, le chef caquiste aura garanti, dès le 3 août, l’intégrité de ses candidats et s’impose désormais comme le champion de l’anticorruption. L’arrivée de l’ex-enquêteur et policier, M. Duchesneau en sera le fer de lance.

De son coté, en matière d’intégrité, Jean Charest se sent aussi à l’aise. « On se donne une bonne note, 8 sur 10. Allez faire l’inventaire des lois et des mesures qu’on a fait passer. Difficile d’en venir à la conclusion qu’on n’a pas fait tous les efforts pour y arriver. Et on ne se fera pas donner de leçons par les autres », a lancé le chef libéral (Le Devoir, 3 août 2012).

Du coté de Mme Marois, le thème de l’intégrité faisait déjà partie du discours pré-électoral, mais attention à l’usure des termes attention ! Selon Mme Marois, le PQ a toujours respecté les règles éthiques selon les plus hauts standards. Il ne reste qu’à lui demander lesquels ?

Selon l’ISG, la véritable question demeure : Quel est le lien que tous et chacun tentent d’établir entre les termes : corruption, collusion, malversation et intégrité ?

Qu’entend-on par « intégrité » ?

L’intégrité a-t-elle un sens précis ? Utilisée pour décrire la probité d’une personne honnête, l’intégrité ne serait-elle qu’un fourre-tout, le simple objet d’une joute oratoire ?

Malheureusement, la définition du Larousse est claire d’imprécision, mais indique quelques pistes : « Intégrité : n.f. État d’une chose qui a toutes ses parties, qui n’a subi d’altération ».

Ce qui est cependant évident, c’est que l’intégrité, celle que l’on nous promet à titre de gestionnaire de l’État, ne devrait pas être partielle ou incomplète. On n’est pas un peu intègre ou à peu près intègre.

Cette précision nécessaire est le prix à payer lorsque l’on s’auto-proclame intègre. Comment démontrer l’intégrité lorsque toute une génération de leaders n’en voyait pas la nécessité il y a à peine 2 ans ?

Ayez un peu d’imagination futurs leaders du Québec. Parce que nous, pauvre peuple, l’intégrité, on ne sait pas comment vous allez l’assumer. Par des promesses électorales, un code d’éthique personnel ? Pour bien vous comprendre, il faudrait que vos candidats se mouillent.

Cette question ne vous rappelle-t-elle pas le débat philosophique de l’éthique par tous nos politiciens bien intentionnés, juste avant l’annonce de l’enquête sur la construction. L’Éthique municipale a été en 2009 et 2010 l’enjeu de plusieurs élections municipales. Par la suite, l’établissement de code et de règles éthiques par le gouvernement du Québec ne semble pas avoir encore freiné la nature humaine, l’appât du gain, la peur de perdre et le pouvoir.

Cette approche anticorruption par un code d’éthique, bien qu’honorable, nous a fait dire par plaisanterie : Et si on remplaçait le code de la route par un code d’éthique….. juste pour rire ?

Mauvaise gestion, vecteur de croissance exponentiel.

La corruption, c’est comme de la mauvaise herbe, elle pousse mieux lorsque l’on ne s’occupe pas de la pelouse. L’origine de la corruption et de la malversation est dans la nature humaine. Ses vecteurs de croissance exponentiels sont : la mauvaise gestion, le laxisme managérial, la bureaucratie, la déresponsabilisation des décideurs et l’absence chronique de valeur de gestion saine.

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.

Bon départ de campagne, mais les chefs de partis vont manquer de munition. Une fois que l’on vous aura entendu ad nauseam, il faudra bien dire autre chose pour expliquer ce qu’est l’intégrité pour chacun de vous.

Il y aura bien sûr quelques autres révélations de scandale conservées en réserve pour frapper l’imaginaire et briser l’assurance et l’intégrité de l’autre partie.

L’intégrité, cela prend des mots pour le dire !

L’éthique, et surtout son code, doit, pour être utile, trouver sa source philosophique dans des valeurs de gestion, celles que l’on doit imposer à un gestionnaire qui agit à titre de mandataire, de fiduciaire de biens et de ressources.

Ces valeurs de mandataire, de servant de l’État doivent s’appliquer autant au problème de la gestion de la Santé, de l’Éducation, (saine gestion des universités), des CPE, d’Hydro-Québec et de la Caisse de dépôt.

Alors l’ISG aimerait vous entendre parler d’Abnégation et d’Équilibre, vous écouter affirmer une saine Efficience des ressources et d’assujettir vos gestes à la Transparence. Il serait bon de vous croire lorsque vous promettez une Continuité de vos actions au-delà de vos mandats et dans le respect de l’Équité.

Pour les gestionnaires intègres : rappelez-vous qu’une chaîne n’est jamais plus solide que son maillon le plus faible.


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