Lettre ouverte à Monsieur Jean-Paul Gagné: Saine Gouvernance, avez-vous dit ?

Écrit par Bernard Brault le 28/10/2014

Le journal « Les Affaires » se mouille !

Monsieur Jean Paul Gagné,

Le 18 octobre 2014 nous avons eu le plaisir de lire votre article intitulé Une Saine gouvernance permet d’éviter bien de dégâts. J’aimerais d’abord vous féliciter pour votre courage d’avoir osé relier les bénéfices d’une saine gestion pour contrer la malversation et les dérapages financiers associés aux scandales récents.

Ce n’est pas peu dire !

Vous avez tout à fait raison, Monsieur Gagné. Il est évident qu’une approche systémique et rigoureuse de la gestion protège de la malversation, de la corruption et de tous les dérapages de la gestion. Mais d’aucun vous répondra qu’il n’assure déjà une telle gestion rigoureuse. Êtes-vous rassuré ? C’est en effet la réponse entendue des dirigeants de SNC Lavallin il y a deux ans à peine !

Si vous insistez, je crains que vous ne deviez reculier bientôt devant un tollé de protestations. Assurer la saine gestion d’une organisation n’est pas chose aisée. En fait, c’est même quelque chose de contraignant, dérangeant pour le leadership et la libre entreprise. Qui peut désirer et même volontairement se mettre des barrières contre le conflit d’intérêt (Abnégation) ? Qui se fera harakiri pour avouer son incompétence par Transparence et reddition de compte ? Qui osera privilégier les décisions à long terme au détriment des résultats à court terme (Continuité) ? Quel leader franchira le mur de l’humilité pour rechercher une prise de décision équilibrée ou encore une justice naturelle (Équité) en contradiction avec son égo ?

Bien sûr !

Voilà donc ce à quoi vous osez maintenant vous attaquer. La gouvernance bien pensante vous ridiculisera rapidement. Voyons, monsieur Gagné ! Pensez-y bien, vous ne ferez jamais de l’argent, vous ne construirez pas d’empires avec de beaux principes et une saine gouvernance. Et en plus,  si vous voulez vous attaquer à la bureaucratie, à cette résiliente et puissante machine qui peut broyer toute la logique et le gros bon sens des gens honnêtes, vous serez ostracisé. Alors, vous ne serez pas le premier à reculer.

Bien sûr ! Comme le dit, de façon superficielle, la mère de famille dans une publicité récente de Desjardins. Celle-ci, devant paraître irréprochable pour obtenir un rabais sur une prime d’assurance.

Modèle de gestion intégré et vérifiable ?

Voilà le problème : en réclamant une saine gouvernance avec des outils qui ne sont pas abstraits, vous vous frapperez à ceux qui ne veulent que « paraître ».

Après consultation dans votre entourage, vous allez me répondre que notre proposition de Saine Gestion n’est pas la seule façon d’envisager une saine gestion ou une saine gouvernance. Vous avez raison. Cependant, nous attendons encore qu’une autre proposition structurée, avec normes mesurables et un model de vérification applicable, puisse voir le jour pour offrir une alternative à nos propos.

Qui a vraiment intérêt à ce qu’une saine gestion mesurable et vérifiable s’installe ?

L’ISG

Nous avons simplement et inutilement 25 ans d’avance. En l’absence d’une approche transcendante, nous proposons une approche intégrée, systématique et rigoureuse, comme on devrait s’attendre des professionnels à qui l’on confie notre patrimoine.

Pour la plupart des dirigeants et des gens d’affaires publics ou privés, une saine gestion était, il y a 20 ans, et est, encore aujourd’hui, reliée à une recette miracle, à une façon simpliste d’interpréter deux ou trois actions qui exécutées correctement donneront des résultats immédiats. Pour le grand public et les hauts dirigeants politiques de ce pays : Bons résultats égal bonne gestion.

Les mauvais résultats, la fraude et la faillite découlent encore des risques reliés aux affaires et non à une question de  saine gestion. Mais la question n’est pas récente.

C’est ainsi que dans les années 1980-90, période qui fut l’âge d’or du Québec Inc,  des apprentis sorciers de management, ayant eu un accès privilégié au financement garanti par le gouvernement ou au financement boursier facile, ont littéralement fait exploser le gros bon sens pour le remplacer par des scandales et fraudes à répétition : Nationair et Robert Obadia, Raymond Malenfant, Nortel et plus récemment Norbourg, pour ne nommer que ceux-là.  Sur le plan international, il y eu aussi BreX et Enron pour lesquelles des collaborations scabreuses de professionnels externes avaient permis à certains dirigeants de frauder et flouer les investisseurs.

C’est dans ce contexte que le concept et le modèle de saine gestion ont été développés. Je vous réfère à notre site, les normes PSGGR, et mes publications, dont celle qui accompagne cette lettre : Exercer la Saine Gestion. Vous n’aurez sans doute pas le temps de le lire, mais vous pourrez me remercier simplement en prenant connaissance de l’introduction et du premier chapitre.

Contrer la malversation par une saine gouvernance !

Il y a le verbe et le rêve et il y a l’action qui doit s’appuyer sur des moyens efficaces et probants. Nous entrons dans l’ère de l’après Charbonneau.

N’oublions pas qu’il n’y a pas de plus mesquin que le poltron revenu de sa peur. 


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