Saine Gestion : impertinences !

Écrit par Bernard Brault le 02/02/2012

Démystifions Saine Gestion

Ce billet ne sera pas technique. Je ne vous parlerai pas des outils développés grâce au modèle de Saine Gestion. Je ne vous parlerai ni de la matrice, ni des PSGGR, ni de l’Audit et de l’opinion de conformité. Pour une fois, tentons d’oublier notre boulimie à accumuler des outils, dans des coffres et boîtes qui dormiront sur les tablettes, ou parmi les milliards d’octets qui s’accumulent dans nos ordinateurs. Tentons de sortir de nos paradigmes de sociétés stéréotypées qui propulsent l’inutile au détriment du juste et du raisonnable. Réfléchissons, si nous en sommes encore capables.

Tentons surtout de stopper cette angoisse, cette peur qui nous tient, celle du ridicule qui, pourtant, ne tue pas. Soyons critiques, mais n’utilisons pas cette phrase assassine pour combler notre vide intellectuelle. « Monsieur, concernant votre propos, sachez que j’ai quelques réserves » ? Cette phrase signifie surtout un inconfort par rapport à vos culpabilités secrètes, n’est-ce pas ? Ou pire, vous êtes en conflit d’intérêts et ne voulez surtout pas donner une crédibilité à un concept que vous n’avez pas développé vous-même ?

La condition humaine

Parlons un peu de la condition humaine. Pas celle de Malraux, ni de Zola ni de Camus, pas celle de la peur de la mort appréhendée, non je voudrais vous parler de la condition humaine de l’économie contemporaine, celle du quotidien, de la quête du sens de la vie au travail (Thierry Pauchant), de l’existence à travers le courage du quotidien, celle de la vie ordinaire, du métro-boulot-dodo, celle du travail qui n’est plus l’œuvre de l’ouvrier (François Hertel), du sens imparfait de la vie civile (Michel Dion), des impôts et autres malfrats du système financier, celle des taxes qui nous arrachent en apparence notre dernier cent pour des services que nous considérons normaux dans une société moderne, celle de la justice naturelle, du capitalisme débridé et du néolibéralisme et du libertalisme, (quelle horreur comme appellation !) séduisant qui s’oppose à une gauche bureaucratique, protectrice d’un état providence peut-être désuet.

Que de mots pour expliquer l’inexplicable. Mais ces conditions, lorsqu’elles s’accompagnent d’une campagne orchestrée de dénigrement, de négativisme et d’un humour caustique, détruisent la fibre morale collective et l’estime de soi.

Alors les enveloppes brunes deviennent finalement acceptables, tout le monde le fait, fait-le donc ! Oublier quelques revenus fiscaux et travailler au noir, pourquoi s’en priver alors que d’autres voguent impunément dans des yachts de luxe. Tricher et se justifier en prétextant avoir une famille à nourrir. Tricher, piquer et voler pour obtenir un jouet, un cadeau, une dose d’opiacé pour oublier sa condition humaine, et aussi cette condition que l’on veut nous faire croire ce que nous sommes devenus collectivement.

Tricher son patron, tricher son serment professionnel, tricher son code de déontologie, risquer le tout pour le tout pour combler son vide existentiel et s’extraire de la condition humaine. Sommes-nous devenus à ce point individualistes ?

Et si la probité devenait notre fierté ?

Soyons humains, imparfaits et même parfois irrationnels mais abordons avec diligence la question de la gestion « saine », par rapport à une mauvaise gestion. Parlons d’une vision saine de la gestion, celle qui devrait transcender cette condition humaine. 

Je vous entends déjà me parler de vos ambitions politiques, de vos propos négatifs et destructifs pour justifier le changement. Je vous réponds franchement non, ce n’est pas une question de gauche ou de droite, nous ne déblatérerons pas sur les orientations politiques, et n’en déplaise à certains faiseurs d’image, une gestion Saine n’est pas reliée à l’idéologie politique. Je vous fais cependant une confidence : elle, cette gestion saine, empêchera la démagogie, dénoncera le sophisme et trucidera la bureaucratie. C’est peut-être là le malaise.

La gestion, un art ? 

Gérer au quotidien est un art difficile. Gérer, c’est composer avec des données parfois incomplètes, des ressources insuffisantes, et des humains imparfaits. Mais gérer, c’est aussi un art qui doit être encadré et balisé. Parce que l’on gère des biens, des humains et des collègues. Parce que l’on gère les biens des autres, des biens et des ressources qui nous sont confiés. Nous, gestionnaires, leaders et décideurs de tous niveaux, nous avons un devoir de plus, un devoir de probité, un devoir de philosophie, un devoir d’agir d’abord au bénéfice de ceux qui nous font confiance. Ce n’est pas une question simplement éthique, de bien, de mal ou de morale, c’est une question simple, la confiance !

Le pouvoir !

Le pouvoir est une drogue puissante que l’on ne devrait administrer qu’à des gens qui ont un profond sentiment de devoir et d’humilité. Les psychopathes organisationnels ont une propension extraordinaire à se déguiser en leader hyperefficace. Ils sont séduisants dans notre société désabusée. Ils peuvent amener aisément l’organisation à sa perte, simplement pour assouvir leurs propres ambitions.

Les prédateurs ont besoin d’un tremplin ?  Coupons la planche !

Accepter un poste de dirigeant, de leader, de gestionnaire devrait être un choix conscient d’être au service des autres. Le pouvoir que l’on nous délègue n’est pas un droit divin. Le pouvoir crée des obligations, des obligations de reddition de compte, c’est-à-dire de Transparence et d’Abnégation. Le pouvoir s’accompagne d’une mission : le mandat. Ce mandat, par conséquent, crée une obligation d’Efficience, c’est-à-dire de résultats avec des moyens limités, c’est l’Équilibre et l’Équité. Le pouvoir qui est confié n’est que pour une période donnée. Il n’y a rien d’éternel, un mandat est un pouvoir à durée déterminée. Il faut prévoir la suite et agir pour assurer la Continuité de la gestion, de la mission et de l’organisation. C’est tout ?

C’est tout.   


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