Montréal : Eaux troubles et turpitude (To be translated)

Written by Bernard Brault on 08/11/2012

Une fois assis sur le couvercle de la boîte à déchet, il est difficile de le soulever soi-même.

Condition humaine et turpitude.

Vous êtes sorti de polytechnique il y a déjà dix ans. Vous avez des dettes, deux enfants à l’école privée, votre conjointe est aux études, vous avez un nouveau poste en génie civil dans une grande ville, bien payé, mais pas assez. Noël approche, le beau-frère a une grande maison à tourelle à Laval, vos cartes de crédit n’en peuvent plus.  Vous aurez bien sûr une belle pension dans trente ans, mais pour l’instant vous êtes titillé par la publicité d’un grand cabinet qui vous propose de rencontrer un syndic de faillite.

Puis votre patron vous demande un service, « professionnel »,  pour des raisons obscures, il vous demande de modifier un devis, et surtout les coûts estimés afférents. C’est lui le patron. Quelques semaines plus tard, vous trouvez sur votre bureau une enveloppe qui vous est adressée. Vos collègues sont amusés et attendent une réaction. On rigole.

L’enveloppe est brune, un centimètre environ en épaisseur, un mot dessus : Merci. Il y a des billets verts, plusieurs bruns, il doit y avoir 2 000 $ ou 3 000 $. Vous êtes en sueur, vous placez l’enveloppe à l’intérieur de votre veston. Tous vos collègues ont repris leur travail. Vous faites finalement partie du groupe, vous êtes des leurs.

Drogué au brun ?

Mais vous avez perdu votre liberté. On vous a transformé en « joinky ». Vous ne pourrez plus vous en passer, votre éthique à géométrie variable va s’en accommoder. Pourquoi la gouvernance et les politiques internes ne vous ont pas protégé ?

Démission sans surprise

Lundi soir, le 6 novembre 2012, ce qui devait arriver, arriva. Gérald Tremblay, maire de Montréal depuis onze ans quitte son poste. Il cède devant la pression médiatique et populaire. Il plaide l’innocence et du même coup dénonce la corruption incrustée jusque dans la moindre poignée de porte de l’hôtel de ville. Les révélations de la commission Charbonneau ne font pourtant que commencer. À ce rythme, nous apprendrons bientôt que même les rats des égouts de Montréal s’échangeaient à l’époque des enveloppes brunes. Et d’ailleurs, pourquoi la vermine aurait arrêté d’échanger des petites faveurs monétaires ? Le maire Tremblay aura eu, à tout le moins, le mérite de survivre politiquement en s’assoyant sur la marmite remplie de rapaces et de cancrelats. Loin de ma vue ce sein que je ne saurais voir !

 

Un travail de Polisse !

Dans son discours de démission et d’auto-gratification-et-de-justificatif-de-valeur-divine, le maire Tremblay invoque une rencontre avec son directeur de police de l’époque, monsieur Duchesneau sans doute, où il apprend avec stupéfaction la présence de rumeurs de corruption existant depuis une ou des décennies. Mais la police n’avait aucune preuve. Dix ans plus tard, la police n’a toujours pas de preuves, donc le maire démissionne dans l’injustice de son sort de sacrifié.

Qui osera ouvrir la marmite maintenant et gouverner ?

Il n’y aura pas bousculade à la porte pour un poste permanent. Denis Coderre garde une distance stratégique.  Mieux vaut gérer par consensus temporairement. Qui se sacrifiera pour faire le ménage à l’hôtel de ville ? Le prochain ou la prochaine élu(e) pour diriger la ville  saura- t-il faire mieux que monsieur Tremblay ?

Question subtile :

Au lieu d’attendre et poursuivre des coupables un jour, s’il y a des preuves, n’aurait-il pas été profitable de protéger les décideurs contre la mafia ?

Saine Gestion : une approche matricielle

En combinant les actes administratifs (5) avec les principes (6) une matrice de (5×6 + 5+6) = 41 cases apparaîssent. Cette matrice forme un système, ou un cadre de gestion qui combine chaque acte de gestion à une obligation spécifique. Formant un maillon, il est difficile de négliger une obligation.

Chaque case du système (41) est un tiroir qui propose des règles de gouvernance et des moyens pour assurer que les actes posés au quotidien soient conformes au concept (combinaisons  des actes de gestion et des principes fondamentaux). Cet outil s’appelle Cadre de Saine Gestion (CDSG).

Le cadre de Saine Gestion un outil intégré de gestion et de vérification

C’est dans ce contexte que le cadre de Saine Gestion offre une structure d’analyse pour introduire une forme d’éthique du management dans les processus décisionnels de l’organisation. En précisant l’espace dans lequel s’exerceront les pouvoirs et les responsabilités de la gouvernance, les valeurs éthiques, non moralisatrices, ressortiront aisément.

 

Auditer la gestion pas seulement la comptabilité.

Il serait pratiquement impossible de procéder à une vérification comptable si une société ou une organisation ne disposait pas d’un système d’information comptable dûment structuré. Par analogie avec le monde de la comptabilité, dans le domaine de la gestion, le cadre de gestion est aux professionnels de la gestion ce que le système d’information comptable est aux comptables.


5 comments

by ing at 11/09/2012

C’est tristement vrai.

by Laszlo Marton at 11/09/2012

J’ai un commentaire à vous faire concernant votre blog; très facilement on pointe les ingénieurs comme les seuls représentants de cette corruption qui est malheureusement présente dans tous les domaines de notre société. On oublie (ou on veut diminuer leur contribution?!) les administrateurs et les gestionnaires, les comptables et les vérificateurs, les avocats, les policiers, même que les médecins qui acceptent des pots-vin des fabricants de médicaments ou de certains laboratoires d’analyse, et surtout les politiciens. D’après moi, hélas, la corruption est enracinée dans tous les niveaux de la société car le principal exemple de réussite sociale, inculqué aux gens depuis leur plus tendre enfance, est la réussite financière. Éradiquer cette situation sera très difficile, voir impossible. Toutefois on devrait, nous tous, assumer notre responsabilité pour ce qui est la corruption et de ne pas utiliser les ingénieurs comme des boucs émissaires.
À part ça, je trouve plutôt triste l’association de l’effort du pauvre Kermit à soulever le couvercle; il ne sera jamais capable, donc on devrait vivre continuellement avec la corruption?!!!
Bien à vous, Laszlo Marton ing.

by landry at 11/12/2012

Cher Laslo,
pour le moment ce sont les ingénieurs qui “passent au cash”, mais si on posait le regard sur la santé,médecins et paharmaceutiques, on aurait le même genre de regard.
Ce n’est pas le propre d’une profession, nie de notre époque; Catilina a dit des choses semblables devant le sénat romain.
C’est une question d’éthique personnelle et d’indépendance morale. Plutôt que de trouver dse boucs émissaires, analysons plutôt notre comportement: que ferions nous devant la menace doublée ,d’un côté et la promesse d’une sérieuse récompense de l’autre côté? Et surtout, que faire dans une organisation dans laquelle on ne peut trouver une vrai leader caapble prender ses responsabilités et digne de confiance?
La saine egstion offre des réponses, mais il faut vouloir de telles réponses.
Pierre “le sage”

by Bernard Brault at 11/12/2012

Il y plusieurs façons de voir les choses. J’en exprimerais deux en cette matière. Pour implanter le concept et la matrice de Saine Gestion, il faut à la base être honnête et ensuite connaitre Saine Gestion. Saine Gestion à une base éthique mais exprime d’abord des règles qui s’impose a un mandataire (fiduciaire) sinon cette éthique ne vaut pas grand chose.

Ensuite il est vrai que Saine Gestion n’est pas un monopole de la vérité. Mais pour l’instant en l’absence de système intégré d’une telle ampleur, humblement à coté d’une approche à éthique ou à intégrité variable, nous sommes à quelles années lumières en avance.

La question demeure : A qui revient le rôle de protéger l’intégrité des employés ? et ce n’est pas une question de profession.

by DK at 11/12/2012

Eh bien à vous entendre, faudrait ne plus en profiter. Je voudrais vous y voir avec une enveloppe de 5 000 en beau dollars. T…

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