Mensonge et leadership, qui dit vrai (To be translated)

Written by Bernard Brault on 26/04/2013

Horribilis causa !

Je devais vous proposer un article sur la reconstruction de la probité. J’avais entrepris de vous parler de moyens et de solutions pour redonner un peu de confiance dans nos dirigeants, histoire d’oublier un peu la commission Charbonneau et de vous parler d’une gouvernance à la vocation renouvelée.

Mais à entendre le témoignage de Frank Zampino devant madame la Juge Charbonneau, j’ai eu un doute. La gouvernance n’a finalement rien à changer. Une gouvernance saine n’a pas à se soucier des relations qu’elle entretient avec des mafieux et autres crapules notoires ne serait-ce que pour quelques croisières, même sur des yachts pour lesquels la grande majorité des politiciens n’auraient pas les moyens de se payer le canot de sauvetage. La gouvernance n’a pas à rendre des comptes pour ses relations personnelles avec des entrepreneurs qui soumissionnent auprès de l’organisme qu’ils gèrent, nous dit-on. Point à la ligne ?

De toute façon, à force de faire des lois pour les encadrer, on finit par ne plus être capables de les auditer, ces grands seigneurs ! Parce que la question est là, il faut auditer autre chose que la comptabilité. Ça sert à quoi de créer des règles si ce n’est pas dans l’intention de les vérifier de façon préventive et régulière ? Il faut simplement créer un espace vérifiable de la gestion, un cadre de Saine gouvernance et de gestion vérifiable. Mais là, je m’éloigne ! C’est ce dont j’avais décidé de ne pas vous parler.

Qui dit vrai ?

Qu’ont en commun messieurs  Frank Zampino, ex-président du comité exécutif de Montréal, et Jerôme Cahuzac, ex-député et ministre Français ? Une capacité effroyable de regarder par le biais de la caméra, quelques millions de personnes et de leur jurer des faussetés.

Outre la commission Charbonneau au Québec, beaucoup de politiciens et de grands leaders publics et privés ont été mis sur la sellette par les révélations de nombreux comptes offshores illicites. (Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ).

Après avoir juré devant tous ne pas avoir de compte offshore, le Nouvel Observateur (France) rapportait le 19 avril 2013 la lettre de démission de Jérôme Cahuzac (Ex-ministre) . Celui-ci :

« a quitté le gouvernement le 19 mars et avoué le 2 avril qu’il avait détenu un compte bancaire en Suisse, transféré depuis à Singapour. »

De par le monde, les leaders se retrouvent dans l’eau chaude, mais pas assez semble-t-il !

Le Monde : 12 avril 2013 « Le numéro deux du gouvernement russe, Igor chovalov, dont les vastes investissements placés en partie dans des paradis fiscaux ont été révélés par les documents du dossier  Offshores Leaks la semaine dernière, va rapatrier ses actifs en Russie”

Le Monde : 6 avril 2013 « Les Rothschild. Une histoire dans laquelle le secret, celui des affaires, celui de la fortune, occupe une large place… Jusqu’à aboutir aujourd’hui à cette révélation, issue des fichiers du Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ) : Elie de Rothschild, figure tutélaire de la branche française de la famille, mort en 2007 à l’âge de 90 ans, s’est constitué un véritable empire offshore, à l’ombre des palmiers des îles Cook, entre 1996 et 2003. »  

Mentir effrontément devant le public, les médias et ses collègues, avec un aplomb de grand seigneur sur des questions morales et de crédibilité de fiduciaire ou de mandataire politique, devient-elle une maladie génétique reconnue de la gouvernance ou simplement un banal constat ?

Malheureusement, ils se reproduisent avec cette même génétique. Les futurs leaders et décideurs seront encore formés dans les mêmes écoles de droit et de comptabilité, tarés des décisions de l’histoire, de leurs pairs et forts de l’appui de la confrérie.

Sortirons-nous un jour de la boucle, ou sommes-nous devant un atavisme indéracinable ? Pour devenir un décideur et riche par surcroît, faut-il apprendre nécessairement à tourner les coins ronds, mentir et soudoyer ? C’est peut-être ce qui explique cette force centrifuge qui empêche les écoles de gestion de faire autre chose que de platement constater et d’expliquer par une méthode scientifique sans faille, que les choses sont en effet ainsi. « Surtout ne faisons rien avant que les choses ne changent d’elles-même ! »

Cours de leadership  «101» : Apprendre à tout nier !

Les conseillers juridiques vous l’ont dit : niez tout. Même devant l’évidence, niez tout! L’intérêt supérieur du petit club (la collusion) le mérite. Le votre aussi, vos comptes «offshore » ne regardent pas vos collègues politiciens; les enveloppes reçues sont de bien piètres compensations pour le dévouement que vous avez démontré au cours de vos années de service publique.

Vous avez dit abnégation ?

Les juristes vous ont convaincu que le vieil adage «bien mal acquis ne profite jamais», ce n’est pas pour vous. On peut mentir pour bien de raisons. Éthiquement, mentir peut se justifier, pour ne pas blesser, pour protéger, pour l’honneur d’un « gentleman », pour ne pas ternir une réputation. Ce sont peut-être les mensonges que l’on appelait à une autre époque, pieux. Bon. Tout le monde ment ! Rappelez-vous le personnage télévisuel Dr. House.

Vous avez dit transparence ?

On peut mentir à ceux qui n’ont pas à savoir, simplement pour des motifs stratégiques. Le principe de Transparence ne consiste absolument pas à dire tout à tous, simplement parce qu’on nous le demande. Mais dans un cadre d’une fonction de mandataire, sur des questions d’abnégation (conflit d’intérêt) et de reddition de comptes, on s’attendrait à une transparence inconditionnelle, n’est-ce pas ?

Malade la gouvernance ? Changeons la génétique !

Plus personne ne devrait affirmer quoi que soit sans en faire la démonstration. Mais difficile quand on n’a jamais rien fait pour s’assurer que le cadre de notre gestion permet une reddition de compte, et que la démission demeure une solution honorable. L’approche de l’audit comptable est plus simple parce qu’elle s’appui sur des normes et un modèle comptable de traitement des données chiffrées.

La Saine Gestion permet une approche semblable mais axée sur un modèle intégré de gestion et non sur des données comptables. Simple mais peut-être trop efficace ?


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